Le ski de randonnée au printemps en Californie

Le 2 juillet 2023, par Larry Ménard

Beaucoup de Français que je rencontre ne savent même pas que l’on skie en Californie bien que les Jeux olympiques d’hiver de 1960 aient eu lieu à Lake Tahoe dans les Montagnes Sierra Nevada, et que le ski californien puisse être très bon. En hiver, la poudreuse peut être exceptionnellement profonde après de fortes tempêtes, comme cette année, la plus enneigée de ma vie, chaque forte tempête déposant un ou deux mètres de neige en quelques jours.

Vue du sommet du Mont Rose (3287 m) vers le sud du bassin du Lac Tahoe, créé par un graben granitique, un bloc central qui est descendu entre des failles parallèles, qui a formé le lac de 501 m de profondeur, plus tard glacié. Au premier plan, le Relay Peak. Loin sur la rive sud, de gauche à droite, les deux plus hauts sommets de Tahoe, Freel et Job’s Sister. Au milieu, mais plus au sud, les hauts sommets de Hope Valley et Carson Pass. À droite, Echo Summit et Desolation Wildernesss avec ses nombreux lacs et hauts sommets. Le 30 avril 2011.
Près du sommet de Huckleberry Ridge, sur le versant sud d’Echo Summit. Le câble très bas qui relie la tour à micro-ondes, dont l’entrée en hiver se fait par le toit du bâtiment, est en été bien au-dessus du sol. J’ai d’excellents souvenirs de ski dans la poudreuse profonde dans la forêt ombragée du côté nord, composée de magnifiques sapins rouges, souvent énormes. Cette forêt mature a été brulée il y a deux ans par l’incendie de Caldor. Le 28 avril 2011.

Si l’on exclut les expositions nord protégées du soleil qui conservent pendant plusieurs jours ou semaines une bonne neige poudreuse, étant donné que le Lac Tahoe est à la même latitude qu’Ibiza, les tendances au réchauffement tout à fait naturel entre les tempêtes, qui ont bien précédé les changements dramatiques du réchauffement de la planète induit par l’espèce humain, transforment souvent rapidement la poudreuse en une croûte lourde et cassante difficile à creuser (to carve) en ski. La poudreuse californienne n’est en rien comparable à la poudreuse incroyablement sèche et légère des Montagnes Rocheuses où il fait très froid l’hiver; une bonne journée de poudreuse dans le Colorado ou l’Utah est inoubliable.

En Californie, les mois de fortes précipitations sont généralement de décembre à mars, avec de grandes variations naturelles d’une année sur l’autre, et une tendance marquée à l’assèchement au printemps. Les variations climatiques naturelles, (affectées par les changements des courants de l’océan Pacifique, El Niño et La Niña, et par la trajectoire très variable du jet stream), accentuées par le réchauffement de la planète, viennent d’entraîner six années de sécheresse extrême, suivies par cette année de précipitations les plus énormes de ma vie.

Au cours de cette année de ski (2022-23), par exemple, 23 mètres de neige sont tombés sur le sommet de Mammoth Mountain (3371 m.), une station de ski située sur le côté centre-est de la Sierra Nevada, qui, par le passé, restait ouverte jusqu’au 4 juillet. C’est une année pour profiter pendant plusieurs mois au printemps et en été du manteau neigeux généreux.

Au printemps, quand les chutes de neige sont beaucoup moins importantes, le manteau neigeux se tasse et devient dense. La répétition quotidienne du dégel pendant la journée et du gel pendant la nuit transforme la texture de la neige en “neige de maïs”, de petites boules de neige, produisant des surfaces compactées, lisses, uniformes et relativement stables, sur lesquelles on glisse facilement lors d’une ascension matinale et qui s’assouplissent au fil de la matinée et de la journée. Quand les conditions sont idéales et que la descente est bien planifiée, même les descentes raides peuvent être relativement faciles car le friction sans glace ralentit, ce qui permet des virages fréquents et une bonne prise de carre pour les sauts de virage. “Corn snow” est souvent appelée “ego snow” parce qu’elle est facile à négocier; la descente est souvent amusante et détendue.

La Californie est montagneuse, même dans le sud près de Los Angeles, les Montagnes San Gabriel, (culminant avec le Mount San Antonio, 3069m), et les Montagnes San Bernardino, (culminant avec le Mount San Gorgonio, 3506m). Avant de déménager en France en 2005,  plusieurs fois pendant les vacances de Pâques, mon épouse marseillaise Cathy et moi avons pris le téléphérique depuis les sables chauds du désert de Palm Springs, qui monte en pente raide jusqu’en haut du sommet isolé de Mt San Jacinto (3302m), où nous avons chaussé nos skis à talons libres pour l’ascension finale et relativement facile de 700 mètres jusqu’au sommet, avant de profiter de la superbe neige de maïs sur le chemin de la descente. Une fois, vers la fin du mois de mai, nous avons skié le Mont San Gorgonio avec de superbes conditions d’enneigement.

Au centre-est de l’Etat, les Montagnes Sierra Nevada, près la frontière avec le Nevada, sont 640 km de long, (dont le Mont Whitney, 4421m, le plus haut sommet du pays en excluant l’Alaska). Les Sierras sont granitiques, métamorphiques et volcaniques, et sont un paradis du ski au printemps, surtout le côté est qui s’élève abruptement au-dessus du haut désert: (du sud au nord), Owens Valley, Mammoth, Mono Lake et Tioga Pass (la route souvent fermée jusqu’au mi juin), Bridgeport et Sonora Pass (la route fermée jusqu’au début de juin), puis le Lac Tahoe, avec des sources chaudes sur des terrains publics tout le long. Parcs nationaux et “wilderness” protégé tout à fait sauvage sur presque toute la longueur de ce massif impressionnant, du sud jusqu’au Lac Tahoe.

Je présente maintenant des photos de ski au printemps en Californie, dont la plupart sont du mois de mai. Cathy et moi sommes allés 4 fois depuis 18 ans aux Etats-Unis, ces voyages prévus en partie pour faire du ski de randonnée après des hivers bien enneigés.

Owens Valley et Mammoth

Le haut désert de la Vallée d’Owens en fleurs. Les roches granitiques fortement érodées des très anciennes collines d’Alabama, où tant de westerns ont été tournés. La Haute Sierra avec le Mont Whitney (4421m) à gauche du centre. Le 11 mai 2017.
Course à pied dans le haut désert près de Bishop dans la Vallée d’Owens où le relief du fond de” la vallée la plus profonde” jusqu’au sommet du Mt Whitney dépasse les 3000 mètres. Quelle impressionnante accumulation de neige. Le 16 mai 2017!
Elderberry Canyon, Mount Tom (4.163 m.), entre Owens Valley et Mammoth, le 27 mai 2011. Mon frère aîné, Alex, qui vit dans les hautes montagnes du Colorado, près d’Aspen, et moi avons skié le canyon Elderberry un jour très chaud de la mi-mai.
Les flancs orientaux des montagnes des Sierra Nevada sont bordés de failles majeures, de volcans et de sources d’eau chaude. La caldeira de Long Valley, juste à l’est de Mammoth, un super volcan comme celui de Yellowstone, est pleine de sources d’eau chaude primitives sur des terres publiques que des bénévoles ont aménagées et entretiennent. Cathy apprécie Tub Hot Springs tout en observant les Monts Mcgee, Morrison et Laurel. Mcgee, à gauche, était l’un de nos skis de printemps préférés. Nous campions souvent à côté de cette source d’eau chaude à Pâques dans notre camping-car Volkswagen. Trempage le matin, puis ski, puis trempage le soir. La belle vie. 19 mai 2010
Cathy sur le sommet plat de la crête du Mont Mcgee granodioritique, avec le Mont Morrison métamorphique en toile de fond. Derrière elle, une belle cuvette de ski escarpée.
Hot and Cold Hot Springs, Mammoth Basin, 20 mai 2010. C’est l’une des meilleures sources d’eau chaude qui a été développée par des bénévoles. Deux tuyaux amènent à proximité de l’eau très chaude et de l’eau froide dans des tuyaux qui sont mélangés et peuvent être régulés pour obtenir la température souhaitée.
Le Hot Creek State Park de Long Valley était autrefois un lieu traditionnel pour se tremper et se baigner après une randonnée sac à dos autonome de plusieurs jours dans la High Sierra. Malheureusement, en raison de changements radicaux et soudains dans son activité thermique au cours des dernières années, le danger pour le public est devenu prononcé, et il est interdit de rentrer dans ses eaux.
Keough Hot Ditch : une autre source d’eau chaude totalement primitive dans la Long Valley Caldera (2000-2600 m), Mammoth, avec une vue panoramique dans le haut désert. Le Mont Morgan Nord est l’un des sommets en arrière-plan, s’élevant à un peu moins de 4000 mètres. Le 20 mai 2017
Juste à l’est du domaine skiable de Mammoth Mountain se trouve la crête extrêmement escarpée de Sherwin Ridge qui, dans le passé, était une cible pour l’expansion du domaine skiable, mais qui a été protégée du développement par des groupes de préservation de la nature tels que le Sierra Club. Je suis toujours membre de Snowlands Network, une organisation issue du Sierra Club, qui défend les sports d’hiver non motorisés sur les terres publiques. Le lobby des motoneigistes qui sont des “rednecks Trumpistes” est malheureusement très puissant. De gauche à droite: Rock Chute, The Three Fingers et Avy Path, produit par une énorme avalanche en 1986. Le 27 mai 2010.
Mon frère Alex, son chien Samoyède Inyo et moi-même avons grimpé par l’arête rocheuse entre le Second et le Third Finger. Nous avons rencontré une quinzaine de skieurs extrêmes locaux qui sont descendus pendant notre ascension. L’un d’eux nous a dit que le couloir du Third Finger était à 49 degrés, ce qui n’a fait qu’accroître mon appréhension
de notre descente imminente. Nerveux et plein d’adrénaline à l’approche de cette descente intimidante, j’ai réussi à me maîtriser et à exécuter des sauts en télémark impeccables dans le Third Finger. J’étais le seul skieur à talon libre ce jour-là, mon frère utilisant du matériel alpin en raison de la difficulté. Le 27 mai 2010.
Vue de la caldeira de Long Valley sur Mammoth Mountain (station de ski), le volcan à gauche, et la chaîne métamorphique de Ritter: de gauche à droite, The Minarets, Ritter et Banner.
Avant d’apprendre à tourner en télémark, Cathy, un ami français et moi-même avons fait une randonnée à ski de fond de quatre jours à travers les Sierras pendant les vacances de Pâques en 1985, de Mammoth jusqu’à la vallée de Yosemite, en campant à Thousand Island Lake, juste en dessous de Banner; le coucher du soleil sur le lac enneigé était d’une beauté incroyable. Le 19 mai, 2017.
Vue du pic 8728 au-dessus du Dôme Obsidian, en bas à gauche, de Long Valley, à l’extrême gauche, et des montagnes sur la route de Mammoth. Au centre se trouve Bloody Mountain, avec la célèbre descente de ski extrême, le Bloody Couloir, que j’ai toujours rêvé de skier. Mon ami et mentor en télémark, Chuck Pryor, a skié le couloir Bloody ainsi que le Glacier des Palissades Nord (55 degrés). Ancien “clochard de ski”, il est devenu un télémarkeur accompli lors de la renaissance et de la redécouverte du virage norvégien du télémark à Crested Butte, Colorado, dans les années 1970/80. L’équipement de ski a évolué pour servir le marché américain bien avant qu’il n’apparaisse des décennies plus tard en France. Quand j’ai fait du ski de randonnée avec les Excursionnistes Marseillais en 1987, ils n’en avaient jamais vu. A mon époque, la plupart des skieurs du Sierra Club étaient des passionnés du ski télémark. Le 20 mai 2010
Obsidian Dome est un endroit idéal pour faire du ski de fond parce que la bataille pour interdire les motoneiges a été gagnée par les enthousiastes des sports d’hiver non motorisés, organisés politiquement. Trop d’Américains obèses et paresseux ont besoin de leur machine pour s’aventurer dans la nature. J’ai signalé au moins dix fois aux bureaux locaux du National Forest Service des cas de transgression par des motoneiges de zones interdites, y compris “wilderness”. Quand ils sont tués dans des avalanches, je ne pleure pas. Le 20 mai 2010.
Wilson Butte fait partie de la chaîne volcanique, les Inyo Craters, située juste au nord de Mammoth, à Deadman Summit à côté de la route 395. Ce petit dôme de lave rhyolitique visqueuse est assez raide. Je l’ai skié à deux reprises dans une neige de maïs parfaite à Pâques. Le 18 mai 2010.
Le lac Mono, situé à environ 50 km au nord de Mammoth, est un lac salé sans issue. Habitat essentiel pour les oiseaux migrateurs, son écologie était menacée par l’appropriation rapace de l’eau par Los Angeles, qui a exploité les ruisseaux qui l’alimentaient pendant de nombreuses années (dans un contexte de guerres de l’eau qui duraient depuis un siècle). Le Save Mono Lake Movement a fini par l’emporter, après des années d’activisme et un large soutien de l’opinion publique surtout en Californie du Nord. Le Mono Lake Visitor Center est très bien fait et mérite une longue visite, tout comme les sentiers qui mènent aux rives du lac.
Le lac se trouve juste en dessous du Tioga Pass, le point d’entrée oriental du parc national de Yosemite, où les possibilités de ski sont excellentes : Dana Peak, Dana Couloir, Ellery Chutes, False White Mountain Peak, etc
Formations de tuf sur les rives du lac salé Mono.

Bridgeport et Sonora Pass

Juste au nord Mono Lake se trouve le bassin de haute montagne de la ville de Bridgeport, avec la Crête de Sawtooth en arrière-plan. Je voulais skier le pic Matterhorn à gauche de cette crête, mais l’occasion ne s’est jamais présentée. (Jack Kerouac a été guidé vers son sommet un été par le poète Beat Gary Snyder, raconté en “Dharma Bums”). Le 18 mai, 2011
Travertine Hot Springs, l’une des meilleures sources d’eau chaude de la côte avec ses magnifiques dépôts de travertin, est située sur le flanc d’une colline surplombant la vallée de Bridgeport avec les pics des lacs Virginia et la Crête de Sawtooth en arrière-plan. Bridgeport est le pays des péquenauds, et un rendez-vous estival pour les motards rustres.
Les bassins inférieurs des sources thermales de Travertine.
Vue vers le sud depuis le Pic Leavitt (3526m) près du Col de Sonora le 26 mai 2011. Comme le Tioga Pass dans le Yosemite, le Sonora Pass ne sera pas entièrement déblayé et ouvert avant plusieurs semaines.

Pendant une dizaine d’années j’ai été un des chefs de sortie de ski de randonnée pour la section de la Baie de San Francisco du Sierra Club, l’organisation environnementale responsable pour la création du système des parcs nationaux, avec Cathy comme assistante. Rien à voir avec le Club Alpin Français que je trouvais souvent trop régimenté. Beaucoup d’accompagnateurs étaient super sympathiques, mais d’autres étaient très autoritaires. Après plusieurs années, nous avons abandonné.

Notre première sortie de ski était au début d’avril au lac Tahoe: camping à Grover Hot Springs State Park près de Markleeville et du ski à Hope Valley, Carson Pass (col), Echo Summit (col) et au South Lake Tahoe. Notre deuxième sortie, le dernier weekend de mai: camping à l’entrée sud de Lassen National Park, et du ski dans le Parc. A la fin de mai il y a 6 ans, il y avait toujours 6 mètres de neige au Lac Helen en bas de Lassen Peak, la route qui traverse le parc toujours fermée par la neige profonde. Dommage que j’ai cassé un de mes skis la première journée, mais toujours préférable à une fracture de cheville.

Hope Valley

Au premier plan sur la droite se trouve le volcan, Pickett Peak, l’une de mes randonnées à skis préférées. La descente du sommet est un plaisir quand il y a de la neige de maïs excellente. En arrière-plan à gauche se trouve Hawkins Peak qui est un ski long mais agréable. Le 1 mai 2010.
Cathy devant le Pic Pickett pendant notre ascension du Pic Hawkins à l’autre bout de l’arête. Chacun de ces deux pics volcaniques est coiffé d’un bouchon andésitique qui, quand le magma s’est refroidi et contracté, a subi un jointage en colonne, produisant des colonnes verticales à section hexagonale. Les côtés nord de chaque pinacle reçoivent beaucoup de neige, surtout parce que la plus grande partie de la neige du côté sud, balayée par le vent, souffle à travers le sommet, produisant des dépôts profonds au nord, ce qui réduit l’inclinaison. C’est une descente courte mais raide; très bien quand il y a de la poudreuse ou de la bonne neige de maïs. Le 14 mai 2010
Un énorme genévrier de la Sierra, Juniperous occidentals, contorsionné par le vent, situé devant le versant sud de Pickett Peak avec ses pittoresques colonnes andésitiques. Le 14 mai 2010.
Chute de neige en fin de saison le 22 mai 2010 à notre camping traditionnel et gratuit à l’est de Hope Valley, situé dans la forêt nationale sur Poor Boys’s Road, juste au-dessus de la ville de Markleeville. Le versant sud du Pic Hawkins est encore blanc de neige. La forêt, composée de pins de Jeffrey, Pinus jeffreyii, et de pins de pinyon, Pinus edulis, a été dévastée par l‘incendie de Tamarack en 2021. Seuls Markleeville et, plus haut dans la vallée, le Grover Hot Springs State Park, ont été défendus avec succès par les pompiers. Je redoute de revoir cette énième victime du réchauffement climatique, un endroit que j’adorais.
Descente du versant nord-est du Pic Waterhouse (granitique) à Luther Pass, entre Hope Valley et South Lake Tahoe. Virages dans une poudreuse récente mais en cours de transformation. Les arbres sont impressionnants pendant la descente : d’immenses sapins rouges matures dans la forêt. Le 12 mai 2010.
Cathy arrivant au Lac Grass depuis les pentes boisées du Pic Waterhouse. Un énorme sapin rouge, Abies magnifica, se trouve derrière elle. Parmi les autres arbres de la forêt, on trouve le pin lodgepole, Pinus contorta var. murrayana, et le pin occidental blanc, Pinus monticola.
Approche du sommet de l’exposition sud du Pic Waterhouse. Conditions d’enneigement parfaites pour la montée en ski. Le 1 mai 2017.
Superbe neige de printemps sur le Pic Waterhouse comme d’habitude. Hope Valley, notre destination 800 m. en contrebas, et tout à fait à gauche le plus haut sommet du Lac Tahoe, Freel Peak (3318m). Le 1 mai 2017.
Beaucoup de bonne neige sur le large versant sud-est du Pic Waterhouse, que nous venons de descendre avec de la neige jusqu’au fond de Hope Valley. Le 1 mai, 2017.
Ascension matinale de l’arête de Red Lake Peak depuis Hope Valley quand la neige était encore un peu glacée. Les arbres à feuilles caduques sont des trembles, Populus tremuloides. Le 5 mai 2011
Red Lake Peak (3069m) se trouve juste au sud de Stevens, et constitue l’autre côté de ce qui reste d’un ancien grand volcan composite. Entre les deux se trouve la caldeira remplie d’un lac, Crater Lake. Le Red Lake Peak est un sommet très agréable à skier. Il y a tellement de lignes de descente intéressantes. Quelques jours auparavant, nous sommes descendus du sommet juste à gauche de la grande zone sans neige à droite.
L’autre côté, au-dessus du lac, est raide et offre de la poudreuse en hiver bien protégé des rayons du soleil. J’adore skier sur les volcans. Le 14 mai 2010
Vue sur le Lac Crater gelé depuis le Pic Stevens et sur les pentes nord du Pic Red Lake, où l’on peut skier dans la profonde poudreuse en hiver et au début du printemps. Terrain idéal pour le télémark. Le 2 mai 2017
Le pont qui traverse le Ruisseau Forrestdale est recouvert de plusieurs mètres de neige compacte. Le manteau neigeux sur les sommets et les crêtes au-dessus de la vallée était bien sûr beaucoup plus épais. Le 27 avril 2017
Je n’ai jamais rencontré de conditions de neige de printemps, même marginalement bonnes, dans les Alpes du Sud, tant la qualité de la neige est variable. Ici, sur les pentes supérieures de Forrestdale Creek, nous avons eu l’une des meilleures neiges de maïs jamais vues. Remarquez comment la neige vole en l’air lorsque je fais un virage en télémark. Ce jour-là, la sensation était incroyable. Juste en dessous du Round Top Peak, un autre itinéraire favori. Le 27 avril 2017.
Cathy dans la superbe neige de printemps au-dessus de Forrestdale Creek. De gauche à droite, Red Lake Peak, Stevens, Freel et Job’s Sister, avec la Hope Valley en-dessous. (C’est le culte religieux fou des pionniers mormons qui a donné aux vallées locales les noms d’Espérance, de Foi et de Charité).
Round Top Peak, Round Top Pass à droite, vu depuis le Col Carson. “Wilderness” protégée. Un terrain de jeu phénoménal pour les randonneurs à ski. 2 mai 2017
Descente de la pente supérieure ventée et quelque peu glacée sous le Round Top Pass, juste en dessous du sommet rocheux très raide (3164m). J’ai dû faire des virages sautés pour contrôler ma vitesse. La descente vers le lac Winnemucca est aussi difficile que l’on veut, avec des lignes très raides directement sous le sommet. Un ski de retour facile vers (Kit) Carson Pass ou une descente assez raide en dessous d’Elephant’s Back pour rejoindre la vallée de Forestdale Creek, ce que nous avons choisi de faire. Le 14 mai 2010.
Quelle descente agréable dans une neige de maïs parfaite. J’aime faire la danse du télémark. En dessous de Elephant’s Back. Le pic Markleeville au loin. Le 14 mai 2010.
Elephant’s Back, avec une corniche massive. Le 14 mai 2010.

Lake Tahoe

Les chalets d’été d’Echo Summit, au sud-ouest du lac Tahoe, disparaissent sous la neige les années de fort enneigement. Le 6 mai, 2011.
Il y a deux ans, après quatre années de sécheresse sévère, ces mêmes cabanes étaient menacées de disparaître définitivement, comme les plus de 1000 bâtiments consumés par le méga-incendie de Caldor qui a dévasté le versant occidental de la Sierra, avec 90.000 hectares brûlés. Les forêts matures voisines que nous avions l’habitude de traverser à ski sur Ralston Peak et sur Huckleberry Ridge juste de l’autre côté de la route ont été ravagées.
Desolation Wilderness juste au nord d’Echo Summit. La crête où cette photo a été prise a brûlé dans le brasier de Caldor en 2021. Le 16 mai 2010
Desolation Wilderness rempli de lacs, Pyramid Peak à gauche, et pins Lodgepole, Pinus contorta var. murrayana. Nous avons dû faire demi-tour avant d’atteindre le sommet de Pyramid, faute de temps.
Mount Tallac, une randonnée à ski classique de Tahoe que j’ai faite dans de la poudreuse jusqu’à la taille ainsi que dans de la neige de maïs. Photo prise depuis la rive du Lac Tahoe Sud. Le 16 mai 2010
Cathy se rafraîchit dans les eaux froides et profondes du Lac Tahoe dans le Parc d’État de Sugar Pine Point. Le Mont Rose encore sous la neige. Le 23 mai 2017
Quelques coupes de soleil peu profondes mais de la bonne neige sur Tamarack Peak. Le côté sud du Mont Rose (3287m) au fond. Plus tôt dans la journée, nous avions tenté l’ascension du versant nord du Mont Rose, comme nous l’avions fait en 2011, mais nous n’avions pas trouvé de pont de neige pour traverser le ruisseau en crue et avions dû changer nos plans. Le 25 mai 2017

La chaîne volcanique des Cascades : Lassen et Shasta

Au nord des Sierras la plaque tectonique de Juan de Fuca a crée par subduction la chaîne volcanique des Cascades, qui commence au nord de la Californie avec le sommet du Mont Lassen (3,189), puis le Mont Shasta, (4,322m), le deuxième plus haut sommet de la chaîne. Il y a tant de neige dans Les Cascades, qu’on fait du ski en plein été. Une année le 6 juillet, j’ai fait l’ascension de Shasta, le versant sud, 2000 mètres de dénivelé par Avalanche Gulch et The Red Banks et la neige à mi-sommet a été excellente, (good corn snow). Une année d’enneigement exceptionnel, après des vacances en France, nous avons skié Lassen Peak le 22 août. Une année, au milieu du mois d’août, nous avons skié sur le Newton Clark Glacier, sur le versant est du Mont Hood, au-dessus du fleuve Columbia, dans l’Oregon, avec des conditions de neige printanières idéales.

Les Cascades sont une chaîne volcanique très active : Lassen (1914-17), Shasta (il y a 3200 ans), Les Trois Sœurs (il y a 2200 ans), Mt.Hood (1866), Mount st Helens (1980), Rainier (1450), Adams (il y a 6000 ans).

Lassen National Park. De gauche à droite : Brokeoff Mountain, Ridge Lakes Peak et Diller. Le 22 mai 2011
Eagle Peak à gauche et Lassen Peak enveloppés dans des nuages denses. La route du parc et le Lac Helen ont été effacés par des mètres de neige. Le 22 mai 2011
Zone thermale de Bumpass Hell : fumerolles, eau bouillante, marmites de boue, etc. Accessible uniquement à ski ou en raquettes au printemps. Le 22 mai 2011.
Vue vers le nord depuis le pic des Lacs Ridge. Le Mont Shasta, isolé et enneigé, s’impose au loin et attire les systèmes météorologiques. Le 27 mai 2017
Diller au premier plan à gauche et lez côtés ouest et sud du Lassen avec un bouchon sur son flanc, Vulcan’s Eye. Le 27 mai 2017
Le parc national de Lassen présente une diversité impressionnante de caractéristiques volcaniques : dôme de bouchon, volcan composite, volcan bouclier, cône de téphra, nappes de lave, etc. Malheureusement, l’incendie de Dixie a brûlé toute la moitié est du parc il y a deux ans.

Certains Européens savent que les randonnées à ski de printemps en Californie peuvent être excellentes. Lors de l’un de nos séjours de ski, quelqu’un m’a raconté qu’il avait rencontré deux guides de ski suisses qui, après la fin de leur travail dans les Alpes, étaient venus skier à la fin du printemps dans les montagnes de la Sierra Nevada.

En 1971, un immigrant allemand, H.J. Burhenne, était tellement enthousiasmé par le ski de fin de saison en Californie qu’il a écrit un livre, aujourd’hui vintage, intitulé “Sierra Spring Ski Touring”.


Quand je vivais en Californie, j’avais l’habitude faire beaucoup de ski de randonné et un peu de ski de fond par an, la plupart du temps en avril et en mai, quand je pouvais skier sur des terrains escarpés sans craindre les avalanches, profiter de l’incomparable neige de maïs, me baigner dans des sources d’eau chaude, camper sans me geler, éviter des dépenses pour se loger, avoir des journées plus longues, apprécier la floraison printanière et chercher des morilles.

La culture redneck près de Lassen n’est pas particulièrement intéressée par les champignons. Cathy et moi avons cueilli un grand sac de morilles dans le camping et autour des cabanes près du Lac Almanor. Le 23 mai 2011
Heureusement pour nous, la plupart des rednecks sont fongophobes et ignorants.
L’un des inconvénients du côté est des montagnes de la Californie est l’ubiquité des cowboys et des rednecks.
Rafraîchissant donc dans Owens Valley de voir passer en 2017 un bus de “Deadheads” qui proposent avec humour de donner du LSD à Trump, mais un “trip treatment” pourrait-il éclairer ou humaniser Trump, un sociopathe narcissique? J’en doute.
(Les traitements par trip guidés par des psychologues administrant de la psilocybine ont été légalisés dans l’État de l’Oregon, ainsi que dans les villes de Denver, au Colorado, et dans ma précédente ville de résidence, Oakland, en Californie. Michael Pollan, professeur de journalisme à l’Université de Californie à Berkeley, a beaucoup écrit sur l’histoire de la recherche médicale sérieuse menée par des psychiatres dans d’éminentes institutions médicales comme John Hopkins aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni, pour traiter la dépression, accepter la fin de vie de patients atteints de maladies en phase terminale, la dépendance, etc.
Egalement, tant de Français nerveux, crispés, déprimés, craintifs, paranoïaques et addictés au tabac ou à l’alcool pourraient bénéficier d’un “trip treatment” dans un cadre clinique. “Dose Macron” aussi, qui pourrait bénéficier d’une plus grande empathie humaine.)

Tourisme dans la vallée d’ Owens

Les jours où l’on ne skie pas, en plus de la découverte de la nature, il y a étonnamment beaucoup de choses culturelles à apprécier dans la vallée d’Owens. Bien qu’on voie quelques pseudo-cowboys, il y a, en fait, plusieurs musées d’intérêt culturel et historique dans la vallée d’Owens.

The Manzanar National Historic Site, a été un des dix camps de relocalisation des personnes d’origine japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale. Le vaste musée du parc national, qui a ouvert ses portes en 1992, retrace l’histoire tragique, en partie raciste et xénophobe, et le camp d’internement a été restauré. Le mouvement en faveur de réparations et d’excuses publiques, principalement de la part des enfants des détenus, a été l’un des derniers mouvements en faveur de droits civiques dans les années 60 et 70. À force de persévérance, ils ont fini par l’emporter; le président Ronald Reagan a présenté des excuses publiques et des réparations ont été versées aux survivants et à leurs descendants.

The Eastern California Museum à Independence présente de nombreuses expositions intéressantes, notamment l’histoire des débuts de l’alpinisme sur la côte est des Sierra Nevadas, avec des portraits de Norman Clyde, Walter Starr, et David Brower de Berkeley (Sierra Club président, fondateur des Amis de la Terre).

Norman Clyde, un vrai montagnard, coriace mais érudit. Tant de premières ascensions.

L’histoire de la colonisation des terres et de l’eau par la ville de Los Angeles dans la vallée et la construction de l’Aqueduc Owens River-Los Angeles, qui a précipité des années de guerres de l’eau, est à ne pas manquer. Il en va de même pour les paniers tressés par les Shoshones et Paiutes.

Contrairement aux tribus Pueblo du Nouveau-Mexique et aux tribus Hopi et Zuni de l’Arizona, dont l’art céramique est d’une incroyable beauté, les Indiens de Californie n’avaient aucune tradition de poterie. La vannerie était l’une de leurs formes d’art les plus raffinées.

Un jardin botanique de la flore indigène et des artefacts de pionniers et fermiers se trouvent à l’arrière du bâtiment.

Le jardin botanique de l’Eastern California Museum avec les montagnes enneigées de la “High Sierra” en arrière plan. Le 13 mai, 2017.

Auparavant, le simple paysage devant le bâtiment était constitué d’une plantation massive d’un ciste originaire de Corse et de Crète, le Cistus creticus. Les plantes méditerranéennes indigènes sont couramment utilisées dans le monde anglo-saxon depuis des décennies, bien avant que de nombreuses espèces de plantes indigènes ne soient en vogue relativement récemment en France. Ainsi, de nombreux cultivars de cistes, d’euphorbes, de phlomises, etc. portent des noms anglais, ce qui témoigne de leur popularité. Dans le passé, j’avais l’habitude de voir de nombreuses espèces et hybrides de plantes indigènes de la Méditerranée beaucoup plus fréquemment dans les jardins de Berkeley qu’à Marseille.

The Owens Valley Paiute-Shoshone Cultural Center est dans la réserve indienne de Bishop. Le musée présente des expositions sur les modes de vie traditionnels des deux tribus voisins.

The Laws Railroad Museum and Historical Site est près de Bishop. La gare ferroviaire abandonnée, avec ses trains d’époque, et des nombreux bâtiments relocalisés de Bishop transportent le visiteur dans le Far West (tout comme la ville fantôme de Bodie, un parc d’Etat, au nord du lac Mono).

Un des trains du début du 20e siècle à Laws Railroad Museum.
La “Old Western Town” possède une église, une école, un cabinet dentaire, un forgeron, un coiffeur, etc.

The Mountain Light Gallery à Bishop, présentent les photographies de nature de Galen Rowell, un photographe renommé de la nature, comme Ansel Adams et Elliot Porter, et alpiniste qui a vécu entre Bishop et Berkeley.

The Inyo National Forest- Eastern Sierra Visitor Center près de Lone Pine a des expositions sur l’histoire naturelle et des gardes forestiers qui peuvent conseiller les enthousiastes des activités de plein air. L’un des sponsors du centre étant le département de l’eau et de l’électricité de Los Angeles, la présentation des problèmes liés à l’eau n’est guère marquée par la critique typiquement sévère des colons capitalistes rapaces de Los Angeles, le point de vue traditionnel des premiers habitants de la vallée de l’Owens. Le film très fictif “Chinatown” a comme personnage central William Mulholland, l’ingénieur de l’aqueduc de Los Angeles.

Le paysage de premier plan de cette maison à Bishop est composé exclusivement de plantes indigènes de la vallée. Les résidents sont membres de la California Native Plant Society qui a vu le jour à Berkeley en 1965.

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