Les grilles métalliques menacent de nombreux arbres à travers Marseille

Le 7 août 2023, par Larry Ménard

Parfois à Marseille on a l’impression que les arbres sont traités comme des objets inanimés, de simples sculptures sans exigences horticoles spécifiques. Le pavage avec des surfaces ressemblant à du béton ou à de l’asphalte souvent coloré jusqu’au tronc a été la norme historique ici jusqu’à très récemment.

Dans les cas où des grilles métalliques ont été installées, les ouvertures sont généralement de 50 cm de diamètre, ce qui, pour la plupart des espèces, est insuffisant pour l’expansion de leur tronc avec l’âge. La présence des grilles est oubliée, bien que les troncs d’arbres les poussent, les soulèvent et les déforment, ou pire, les incrustent dans leurs troncs. Une intervention ponctuelle pour prévenir les dommages causés par les grilles aux arbres, entraînant leur mort éventuelle, n’est incroyablement pas prévue.

En Californie, en revanche, je ne me souviens pas avoir jamais remarqué dans l’espace public une surface entourant immédiatement un arbre qui mettait en péril sa survie ou sa santé. D’abord, le pavage jusqu’au tronc n’est pas considéré une pratique horticole acceptable. Dans les milieus pavés, en général les surfaces des cercles ou carrés d’arbres sont en terre, souvent plantées. ce qui permet à l’eau de s’infiltrer et aux racines d’absorber l’oxygène. Sinon, dans certains milieux urbains, des grilles métalliques avec des ouvertures pour l’eau et l’air sont installées; pourtant, elles sont généralement enlevées ou modifiées bien avant que le tronc s’étende jusqu’aux bords de l’ouverture centrale.

Même sur l’une des avenues centrales de Marseille, La Cannebière, les jeunes platanes sont étriqués par leurs grilles métalliques depuis de nombreuses années, mais rien n’est fait à temps pour remédier à ce problème. Veuillez vous référer à mon article précédent :

L’un des dizaines de platanes sur la Cannebière qui est transpercé par sa grille métallique, mais personne ne semble le remarquer ni s’en préoccuper.

Vu le degré manifeste de négligence concernant les grilles problématiques de La Cannebière, on peut s’attendre à un sort similaire, voire pire, pour d’autres arbres situés dans des endroits moins proéminents. J’essaierai de confirmer cette conjecture en faisant du journalisme d’investigation horticole.


Sur l’avenue William Booth aux Caillols, j’ai noté trois lignes différentes d’arbres de rue qui étaient soumis à des surface imperméables et/ou contraignantes.

Sur une lignée de cinq pins parasols assez jeunes, trois ont récemment péri. Quelle pourrait être la raison du taux d’échec de 60 % ? Pour Marseille il n’y a rien d’anormal ici. Joli tronc d’arbre; belle surface de béton propre autour.
Un des trois Pinus pinea, dont les racines ont été privées d’eau et d’oxygène par le bétonnage, qui est mort.
Un autre des trois pins parasols qui ont peut-être subi un pavage à mort. L’une des dizaines de souches d’arbres morts qui embellissent les avenues de la ville.
Comme tant d’autres, il faudra peut-être attendre de nombreuses années avant qu’il ne soit finalement enlevé et remplacé par un nouvel arbre de grande taille, ce qui coûte cher.
Des milliers de nouveaux arbres sont en train d’être plantés, dont beaucoup seront maltraités ou négligés, et donc ne prospéreront pas et ne vivront pas longtemps, d’autant plus que les exigences en matière d’entretien augmentent considérablement.

Les autres surfaces problématiques sur l’avenue William Booth sont des grilles hybrides, des cadres métalliques dont les interstices sont remplis de mortier. Le mortier empêche l’eau de s’infiltrer à travers lui dans le sol et réduit radicalement l’oxygénation de la zone racinaire. Si les parties métalliques sont soulevées par les racines des arbres ou l’élargissement du tronc et/ou si le mortier s’érode, la surface irrégulière de ces grilles hybrides devient dangereuse pour la marche, une invitation à trébucher et à tomber.

La première des trois sophoras du Japon qui a commencé à déplacer sa grille hybride.
Le deuxième des trois sophoras du Japon qui va bientôt dépasser l’ouverture de sa grille hybride. Aucun entretien fait ici.
Le troisième des trois sophora du Japon qui a commencé à déplacer sa grille hybride. La décomposition du mortier est bien avancée.

La troisième ligne d’arbres le long de l’avenue William Booth qui devient trop grande pour les grilles métalliques qui l’entourent est une très belle ligne de 13 pins parasols bien espacés qui font partie du paysage du tramway juste à l’ouest de la station Les Caillols.

Globalement de très bonne conception et bien taillée, cette lignée de Pinus pinea semble bien se développer. Les arbres qui ont suffisamment d’espace pour devenir grands, voire massifs avec l’âge sans être entassés, conserveront une définition individuelle, ce qui est préférable pour cette espèce majestueuse. Les branches les plus basses sont maintenant au-dessus des câbles électriques.
Les grilles hybrides métal/béton avec un carré central de 50 cm ont perdu leur utilité car l’expansion du tronc commence à dépasser l’espace limité fourni. Arbre planté en décentré. Le remblai de mortier de béton, imperméable à l’eau, se décompose, créant une surface irrégulière très dangereuse pour les promeneurs. Deux habitants m’ont dit qu’ils étaient très préoccupés par le terrain dangereux créé par ces grilles. L’un d’eux a raconté qu’il avait fait ici une mauvaise chute et s’était cogné la tête contre le sol.
Ce pin décentré a sa grille encastrée dans son côté.
Ce troisième pin décentré a sa grille encastrée dans son côté. Le béton a largement disparu de la surface des interstices de la grille et la grille est soulevée et pliée par la croissance inévitable de l’arbre.
Tronc d’arbre au bord de la grille métallique.
Tronc d’arbre au bord de la grille métallique.
Le tronc de l’arbre a rempli le carré central de terre et est adossé à la grille métallique de tous ses côtés.
Le tronc de l’arbre a rempli le carré central de terre et est adossé à la grille métallique de tous ses côtés. Semis de micocoulier poussant à sa base. Aucun entretien fait ici.
Le tronc de l’arbre a rempli le carré central de terre et est adossé à la grille métallique de tous ses côtés. La mauvaise herbe envahissante, du chiendent, est présente ici, peut-être introduite avec l’importation du sol comme cela se produit couramment dans les nouveaux paysages de Marseille.
Le tronc de l’arbre a rempli le carré central de terre et est adossé à la grille métallique de tous ses côtés.

Une ouverture de 50 cm de diamètre dans une grille d’arbre est terriblement inadéquate pour la plupart des espèces d’arbres de rue utilisées ici. La plantation de l’arbre décentrée, un phénomène courant, et la courbure basale du tronc rendent le diamètre effectif beaucoup plus petit avant que l’arbre ne commence à être contraint et négativement impacté. Beaucoup d’espèces plantées ici sont de très grands arbres à maturité, avec des diamètres de tronc dépassant parfois un mètre: le platane, le pin parasol, le micocoulier, le Magnolia grandiflora, le sophora du Japon, le pin d’Alep.


Toutes les grilles d’arbres de la ville devraient être inspectées. Beaucoup doivent être enlevées dès que possible et les restantes doivent être inspectées périodiquement pour qu’elles soient enlevées avant que les arbres ne subissent des dommages.

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