Un jardin botanique réalisé grace aux bénévoles dans le “cowboy country” du Colorado

Le 13 janvier 2024, par Larry Ménard

Découvrir un jardin botanique aussi impressionnant, magnifiquement conçu et entretenu dans la ville plutôt ouvrière de Montrose, dans l’État du Colorado, où les bottes et chapeaux de cow-boy sont toujours populaires, peut surprendre.

Historiquement “redneck”, Montrose est située dans une haute vallée intermontagneuse qui sert encore de pâturage au bétail depuis que la tribu indigène des Ute a été décimée et déplacée dans une réserve.

Du côté ouest de la “continental divide” des Montagnes Rocheuses dans l’état de Colorado, la division culturelle et politique est perceptible. Ce drapeau géant, étrangement présent au milieu des pâturages, un peu comme une tête coupée au sommet d’une pique, sert comme symbole nationaliste chrétien blanc destiné à intimider les ennemis laïques et progressistes. La contradiction inhérente au fait de brandir un drapeau tout en soutenant la sédition, l’insurrection contre la république le 6 janvier 2021 par les partisans de Trump, leur échappe.

En amont de la vallée de Montrose, les Montagnes San Juan, ont été fortement minées pour les métaux précieux, ce qui a entraîné la pollution des cours d’eau et de vastes résidus miniers. 

Bien plus d’un siècle plus tard, en aval de la ville minière d’Ouray, l’eau est toujours polluée par des métaux lourds, jaunis par le fer et le soufre.

Les exploitants des ressources naturelles ont été suivis dans une certaine mesure par des étrangers attirés par la beauté naturelle de la région, qui s’intéressent à la préservation et la restauration ainsi qu’aux sports de nature.  Ces “gentrifieurs”, dont l’implantation augmente de manière significative le coût de la vie, en particulier du logement, pour les moins privilégiés, souvent apportent en même temps des contributions importantes à la création et à l’amélioration des espaces verts urbains et des réserves naturelles à proximité qui profitent à tout le monde .

 De tels panoramas attirent les amoureux de la nature avec des moyens financiers, ainsi que les “mountain bums”. Genévriers au premier plan ; la chaîne Sneffels des Montagnes San Juan à l’arrière-plan.
Herbes à touffe, chênes de Gamble, pins ponderosa, avec la chaîne des Sneffels au loin.
Diverses couleurs automnales dans ce terrain montagneux proche du désert.

La culture redneck du Far West s’est toujours opposée à l’existence de vastes terres fédérales et à toute réglementation de l’impact humain à l’intérieur de celles-ci, ainsi qu’aux contraintes imposées à leurs activités telles que la chasse, la motoneige et l’utilisation de véhicules tout-terrain dans les zones naturelles protégées. On l’appelle aujourd’hui la rébellion de l’armoise ( the Sagebrush Rebellion).

Ce sont plutôt les arrivants relativement nouveaux, plus cultivés et éclairés, qui se préoccupent davantage de la protection de l’environnement. Récemment, de nombreux parcs naturels ont été créés, dont un parc national près de Montrose.

En 1999, le parc national du Black Canyon of the Gunnison a été établi.

The Montrose Botanic Garden

Des immigrants à Montrose ont été en grande partie à l’origine de l’initiative pour développer le jardin botanique, qui était menée par les citoyens dans un processus démocratique, “grassroots”. Le jardin a été imaginé en 1995 par Jim Chaplin, originaire de l’État de New York, qui a organisé une réunion publique à l’issue de laquelle une association a vu le jour.

L’importance de la participation du public est soulignée dans l’appel au volontariat sur leur site web: “Les jardins botaniques de Montrose sont administrés et entretenus uniquement par des bénévoles. Notre communauté ne disposerait pas de cette ressource sans les efforts assidus d’un grand nombre de personnes réalisant des tâches diverses.” Selon leur déclaration de mission: “La Montrose Botanical Society est une organisation à but non lucratif qui offre une éducation horticole et un leadership aux résidents de la vallée de l’Uncompahgre en développant des jardins botaniques pour la démonstration, l’éducation et les loisirs”.

Situés sur un terrain loué à la ville, les jardins sont ouverts tous les jours et l’entrée est gratuite. Il n’est pas nécessaire d’avoir des gardiens puisque l’espace public est respecté. Ces jardins sont le fruit d’un long processus de conception, avec quatre “master plans” à ce jour et une participation considérable du public. Ils reflètent les bonnes traditions américaines de “fine gardening”.

Les considérations ornementales sont primordiales dans ces jardins botaniques méticuleusement conçus dans les moindres détails.
Design paysager harmonieux comme ailleurs. Les plantes ont toujours suffisamment d’espace pour leur croissance future et le maintien d’un aspect naturel. Belles compositions de plantes à feuilles persistantes et à feuilles caduques, avec de bonnes couleurs d’automne.
Les contrastes de la texture et la couleur des feuillages sont bien faits partout.
Chaque espace, chaque perspective est soigneusement composée. Pierres de grès indigènes.
Lorsque les plantes sont bien placées et, s’il faut, taillées de manière sélective, elles semblent ne pas avoir été touchées.
Les plantes des jardins, dont une grande quantité d’espèces indigènes, sont toutes bien adaptées aux conditions climatiques rigoureuses des hivers froids et des étés chauds et secs.
Feuilles d’érable jaunissantes.
Waves of Grass Garden (Jardin de vagues de graminées ornementales).
Jardin des fissures. Conçu, construit et planté par des bénévoles en 2015.
Matériaux :
6 tonnes de grès local
Milieu végétal de sable et de gravier
60 espèces de plantes
Jardin des fissures. Comme ailleurs dans les jardins, chaque espèce/cultivar est identifié par une étiquette. Les habitants de la région peuvent y voir des plantes qu’ils peuvent utiliser dans leur propre jardin et s’en inspirer pour leur aménagement paysager.
Le jardin de cactus du haut désert.
Parmi les panneaux éducatifs, celui-ci met en garde contre l’utilisation excessive de gazon dans un jardin domestique, tant pour des raisons de conservation de l’eau que pour des considérations de design. Deux plans de jardin sont présentés, l’un qualifié de médiocre et l’alternative améliorée de bonne. Cela mérite une digression en profondeur.
Le paysage de gauche rappelle un jardin français typique, avec quelques différences importantes. Ni le patio, ni l’allée d’entrée, ni les plantations de l’entrée de la maison ne seraient curvilignes. Et l’avant de la propriété aurait un mur massif avec une haie formelle plantée trop près de lui, et non pas un jardin de façade pour le plaisir du public. Les jardins à gauche sont ennuyeux et stériles, avec trop de gazon et de gravier comme couvre-sol et trop peu d’arbres et d’arbustes.
“Pas de prise en compte des vues vers l’intérieur ou vers l’extérieur du site.”
“Pas d’espaces extérieurs définis.”
“Manque d’attrait de la rue.”
Le paysage amélioré sur la droite ne comporterait pas d’immenses étendues de pelouse ou de gravier comme couvertures de sol presque exclusives. Naturel, asymétrique et équilibré, avec des espaces bien définis et intéressants.
“Les arbres et les arbustes bloquent les vents et masquent les mauvaises vues”.
“Le gazon est limité aux zones à forte fréquentation”.
“Les plantes encadrent la vue sur la maison”.
Un poteau de la paix dans la tradition japonaise qui a commencé dans la période d’après-guerre. Les poteaux de la paix se trouvent dans des lieux publics, dans des communautés où le sentiment antimilitariste est présent et où l’on regrette : les bombardements nucléaires d’Hiroshima, de Nagasaki et les bombardements incendiaires de Tokyo ; les invasions du Viêt Nam, de l’Irak et de l’Afghanistan; le budget militaire, etc..

“Le plan directeur actuel est en cours d’élaboration depuis plus d’un an et demi, et a fait l’objet d’une consultation auprès des membres de la société, des parties prenantes de la communauté et du grand public. Il se concentre sur les deux tiers inférieurs non aménagés du site, avec cinq jardins : le centre d’éducation à l’environnement avec le jardin pour enfants “Happy Hollow”, le jardin du plateau, le jardin semi-désertique, le jardin de la sérénité, et la propriété historique de Jacal avec une zone de démonstration agricole”.

Les bénévoles sont la clé de ces jardins impeccablement entretenus par les Weed Warriors: “Les guerriers des mauvaises herbes:
Désherbage, épamprage, plantation, fertilisation, entretien général des jardins.

Nos guerriers des mauvaises herbes se réunissent tous les mercredis matin, d’avril à octobre. L’heure de départ est fixée à 9 heures au printemps et à l’automne, et à 8 heures dans la chaleur de l’été”.


Jardin d’ethnobotanique du Musée indien Ute

On trouve également à Montrose un jardin présentant les plantes locales traditionnellement utilisées par les Utes.
En Californie, deux jardins de plantes utilisées par les indiennes méritent d’être visités : dans le parc national de Point Reyes, le village Miwok Côtier et dans les prémonts des montagnes Sierra Nevada, le parc d’État Indian Grinding Rocks, un musée tribal Miwok de Sierran.

Dans les jardins botaniques américains, les plantes ne sont pas confinées dans des plates-bandes rectangulaires étroites afin que leurs formes naturelles puissent être maintenues sans être déformés par une mauvaise taille visant à restreindre les dimensions à maturité, comme c’est souvent le cas en France (Marseille, Rennes, Jardin des Plantes à Paris, Serre de la Madonne à Menton, etc.).

Voir: “Le bénévolat dans les espaces verts en Californie”:

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