Le 13 janvier 2024, par Larry Ménard
Découvrir un jardin botanique aussi impressionnant, magnifiquement conçu et entretenu dans la ville plutôt ouvrière de Montrose, dans l’État du Colorado, où les bottes et chapeaux de cow-boy sont toujours populaires, peut surprendre.
Historiquement “redneck”, Montrose est située dans une haute vallée intermontagneuse qui sert encore de pâturage au bétail depuis que la tribu indigène des Ute a été décimée et déplacée dans une réserve.
En amont de la vallée de Montrose, les Montagnes San Juan, ont été fortement minées pour les métaux précieux, ce qui a entraîné la pollution des cours d’eau et de vastes résidus miniers.
Les exploitants des ressources naturelles ont été suivis dans une certaine mesure par des étrangers attirés par la beauté naturelle de la région, qui s’intéressent à la préservation et la restauration ainsi qu’aux sports de nature. Ces “gentrifieurs”, dont l’implantation augmente de manière significative le coût de la vie, en particulier du logement, pour les moins privilégiés, souvent apportent en même temps des contributions importantes à la création et à l’amélioration des espaces verts urbains et des réserves naturelles à proximité qui profitent à tout le monde .
La culture redneck du Far West s’est toujours opposée à l’existence de vastes terres fédérales et à toute réglementation de l’impact humain à l’intérieur de celles-ci, ainsi qu’aux contraintes imposées à leurs activités telles que la chasse, la motoneige et l’utilisation de véhicules tout-terrain dans les zones naturelles protégées. On l’appelle aujourd’hui la rébellion de l’armoise ( the Sagebrush Rebellion).
Ce sont plutôt les arrivants relativement nouveaux, plus cultivés et éclairés, qui se préoccupent davantage de la protection de l’environnement. Récemment, de nombreux parcs naturels ont été créés, dont un parc national près de Montrose.
The Montrose Botanic Garden
Des immigrants à Montrose ont été en grande partie à l’origine de l’initiative pour développer le jardin botanique, qui était menée par les citoyens dans un processus démocratique, “grassroots”. Le jardin a été imaginé en 1995 par Jim Chaplin, originaire de l’État de New York, qui a organisé une réunion publique à l’issue de laquelle une association a vu le jour.
L’importance de la participation du public est soulignée dans l’appel au volontariat sur leur site web: “Les jardins botaniques de Montrose sont administrés et entretenus uniquement par des bénévoles. Notre communauté ne disposerait pas de cette ressource sans les efforts assidus d’un grand nombre de personnes réalisant des tâches diverses.” Selon leur déclaration de mission: “La Montrose Botanical Society est une organisation à but non lucratif qui offre une éducation horticole et un leadership aux résidents de la vallée de l’Uncompahgre en développant des jardins botaniques pour la démonstration, l’éducation et les loisirs”.
Situés sur un terrain loué à la ville, les jardins sont ouverts tous les jours et l’entrée est gratuite. Il n’est pas nécessaire d’avoir des gardiens puisque l’espace public est respecté. Ces jardins sont le fruit d’un long processus de conception, avec quatre “master plans” à ce jour et une participation considérable du public. Ils reflètent les bonnes traditions américaines de “fine gardening”.
“Le plan directeur actuel est en cours d’élaboration depuis plus d’un an et demi, et a fait l’objet d’une consultation auprès des membres de la société, des parties prenantes de la communauté et du grand public. Il se concentre sur les deux tiers inférieurs non aménagés du site, avec cinq jardins : le centre d’éducation à l’environnement avec le jardin pour enfants “Happy Hollow”, le jardin du plateau, le jardin semi-désertique, le jardin de la sérénité, et la propriété historique de Jacal avec une zone de démonstration agricole”.
Les bénévoles sont la clé de ces jardins impeccablement entretenus par les Weed Warriors: “Les guerriers des mauvaises herbes:
Désherbage, épamprage, plantation, fertilisation, entretien général des jardins.
Nos guerriers des mauvaises herbes se réunissent tous les mercredis matin, d’avril à octobre. L’heure de départ est fixée à 9 heures au printemps et à l’automne, et à 8 heures dans la chaleur de l’été”.
Jardin d’ethnobotanique du Musée indien Ute
Dans les jardins botaniques américains, les plantes ne sont pas confinées dans des plates-bandes rectangulaires étroites afin que leurs formes naturelles puissent être maintenues sans être déformés par une mauvaise taille visant à restreindre les dimensions à maturité, comme c’est souvent le cas en France (Marseille, Rennes, Jardin des Plantes à Paris, Serre de la Madonne à Menton, etc.).
Voir: “Le bénévolat dans les espaces verts en Californie”: