Dépollution des débris de construction dans la vallée des Anthénors

Le 28 août 2020

La nouvelle surprise cette année est l’addition par la communauté urbaine d’Ensuès-la-Redonne sur la Côte Bleue de deux nouvelles marches en béton en bas de l’escalier inférieur aux Anthénors et la démolition et reconstruction du bas de la route bétonné qui s’érodait par l’action des vagues, une bonne amélioration; pourtant, sur la plage couverte de beaux galets arrondis, beaucoup de béton cassé a été jeté par commodité. J’ai mis des morceaux de béton à côté des poubelles pour suggérer à la ville de les débarrasser, mais sans provoquer de réaction. Dans le Midi on n’est pas trop dérangé de voir les gravats de construction dans la nature, quelque chose qui heurte mes sensibilités. Le nettoyage du béton de la plage s’ajoute à ma liste de projets de restoration de la nature.

La plage de la Calanque des Anthénors avait depuis des mois beaucoup de morceaux de béton mélangés avec les galets naturels. Personne ne semblait être concerné par la présence de ces débris. Donc, j’ai résolu de les nettoyer moi-même. J’ai parlé de ce sujet avec Florian, un des quelques résidents qui ont exprimé leur appréciation profonde pour tout ce que j’avais fait jusqu’au présent; il a offert de participer à transporter ces détritus de béton à la décharge. Par conséquent, j’ai enlevé tout le béton de la plage en deux heures, le déposant à deux cent mètres de la plage à côté de la route de béton qui descend, un endroit pratique pour charger un véhicule.

La plage de galets des Anthénors sans béton.

Mais cet endroit en haut était déjà une décharge avec des parpaings à moitié enterrés et partout on avait dispersé des morceaux de béton et de toit ondulé d’amiante. Je ne pouvais pas m’empêcher de les déterrer et de les ramasser. Puis, j’ai apporté de la terre pour combler tous les trous. La restauration de la nature à cet endroit est finie; toute trace du bâtiment a disparu dans la pile. J’ai appris des voisins que ces déchets qu’on a laissés étaient les vestiges d’un garage qui a brulé il y a quelque décennies.

L’emplacement d’un garage brulé et le tas de déchets grandissant.

Entre le garage brulé et la plage, il y avait du béton dans la broussaille tout le long des deux bords, ce qui est devenu ma prochaine tâche de propreté. Dernièrement, j’ai nettoyé le site d’un deuxième bâtiment détruit, une construction illégale, je crois, tout près de la plage: encore beaucoup de parpaings, de béton cassé, et de morceaux de tuiles de toitures en argile et du verre couvrant le paysage autour. 

Une partie des déchets d’une construction illégale tout près de la plage.
Nettoyage des déchets laissés d’une construction illégale tout près de la plage
Le site de la construction nettoyé à l’exception de deux fondations.
Le transport des déchets au tas.

Ma pile de déchets s’est accumulée après vingt et une heures supplémentaires de travail pénible.

Le tas de déchets à la fin du nettoyage.

Il reste à déterminer par qui ces gravats vont être transportés par camion à la décharge publique. J’ai rencontré pendant mon travail dans le vallon des Anthénors un ancien conseiller d’Ensués, André Passat, lui-même très actif dans la coordination des projets de nettoyage sur la Côte Bleue. Selon lui, la municipalité pourrait au moins dispenser les frais de déversement de ces déchets dans la décharge. Le résident de La Redonne, Florian, pense que la municipalité devrait s’en occuper seule. A voir comment cela va se résoudre cet automne. Il faut noter que le vallon, comme le sentier, est en partie privé et public, appartenant aux résidents, à la municipalité et surtout au Conservatoire du littoral.

Addendum 1 (le 25 septembre 2020)

Le 9 septembre 2020 un article écrit par André Passat intitulé “Aux Anthénors, un Californien nettoie les calanques” est paru dans le journal La Provence, édition Martigues-Istres. Le journaliste écologiste voulait saluer mon initiative de débarrasser le vallon de tous les déchets, (béton, tuiles d’amiante et d’argile, verre cassé, etc.), stimuler d’autres personnes à agir similairement, et pousser la mairie à enlever le béton que j’avais amassé. 

J’ai bien apprécié l’éloge d’André; cependant, dans le même temps j’ai été déçu par deux choses. D’abord, le lecteur n’est jamais informé que je suis binational, français par naturalisation et donc, que les réalités de mon pays adoptif me concernent même plus que celles de ma vie précédente en Californie. La légende sous la photo est: “Un américain à Ensuès pour nettoyer les calanques, tout un paradoxe”. Je ne vois pas de paradoxe à part le fait que mes normes californiennes relatives à la propreté, à la restauration environnementale et aux pratiques horticoles diffèrent fondamentalement de celles d’ici.

Deuxièmement, toutes les citations sont imprécises. Par exemple, j’avais écrit “ses deux longs escaliers en béton couverts de pierres, graviers et terre, et envahis par la végétation”, pas “envahis de grosses pierres et autres”. (Cela me rappelle un article à mon sujet d’un journaliste sportif dans La Baie de San Francisco qui a entièrement fabriqué les citations dans son article sur une course de trail que j’ai dominé: “Berkeley Man Wins Run to the Heavens for Fourth Time”). Je réprouve le fait qu’on m’attribue des propos qui ne sont pas les miens. 

L’article d’André Passat:

Un américain à Ensuès pour nettoyer les calanques, tout un paradoxe

Aux Anthénors, un Californien nettoie les calanques

Lorsque l’on arrive aux Anthenors tout est d’un calme absolu. Pour accéder à cette calanque secrète, il faut emprunter une petite pente caillouteuse un peu “casse-gueule” ressemblant à une ravine, puis on tombe sur un chemin bétonné serpentant à travers un petit vallon ombragé menant tout droit à la calanque. Et c’est  sur ce chemin que depuis cette fin d’été, les randonneurs et baigneurs ont découvert un tas de blocs de béton, bien arrangés en cube, et à côté, des sacs de provisions rem- plis de menus bétons. Mais de quoi s’agit-il?

Il libère la colline du béton 

En poursuivant, on découvrait à proximité, sur la colline, la réponse: Un bonhomme à la peau bien tannée par le soleil, queue-de-cheval, armé d’une pelle de maçon et de sacs de provision. Il s’appelle Larry Ménard (un nom bien français, origine franco-canadienne, québécois et acadien!), un Californien de 63 ans, originaire de la Baie Est de San Francisco, de la ville universitaire de Berkeley où il était paysagiste.

Il est tombé amoureux des massifs et des calanques de la Côte Bleue. Il a participé à de nombreuses opérations de nettoyage sur Marseille, où il vit depuis une quinzaine d’années. Depuis plusieurs jours, (ainsi que les étés précédents), son objectif est de nettoyer la colline pour la libérer du béton éparpillé, dont l’origine est inconnue, peut-être une ancienne bâtisse. Chaque matin il vient de Marseille en train, et rejoint cette calanque à pied de la gare, récupère sa pelle qu’il a cachée dans un fourré, tout un périple.

Il est en relation avec certains résidents proches de la  calanque. “L’an dernier, dit-il, j’ai nettoyé le sentier littoral qui mène de La Redonne, il était envahi de grosses pierres et autres, et j’ai travaillé les écoulements d’eau afin que cela ne recommence. j’ai aussi rencontré les résidents qui ont bien apprécié mon travail. Je bosse 2 à 3 heures chaque jour avant avant d’aller prendre la bain. J’ai peut-être un projet avec d’autres personnes résidentes de louer un camion pour retirer ce béton”. Il avoue avoir écrit un “conte” sur son travail écologiste qu’il réalise, jour après jour, année par année.

Dernièrement il y a eu des travaux de béton au bout du chemin. Avec la  réfection des marches d’escaliers, Larry a retiré les déchets de ciment sur les galets, que l’entreprise a oublié de nettoyer… Bravo Larry, merci Larry! Le nettoyage des ca- langues n’ayant pas eu lieu cette année, peut-être que la municipalité pourrait se  pencher sur ce tas de béton et le faire enlever, pour le plus grand plaisir de cet étonnant et sympathique “lanceur d’alerte” californien et des randonneurs et baigneurs qui ont admiré son labeur…

Addendum 2 (le 31 août 2021)

De retour cet été à La Redonne suivant huit mois de fermeture de la ligne de train de La Côte Bleue et deux périodes de restrictions de déplacement à cause de la Covid, j’étais surtout curieux de voir si la mairie avait enlevé la colline de morceaux de béton que j’avais amassée l’été précédent. Comme je m’y attendais, l’article d’André Passat dans La Provence sur mon projet de dépollution n’a pas réussi à inciter la mairie à réagir: le tas de béton était toujours là, un monument témoignant des mauvaises pratiques si courantes ici: les gens qui ont détruit les deux bâtiments se sont débarrassés des débris en les dissimulant un peu partout dans les buissons. Qui était ces gens qui ont délibérément dénaturé la belle nature? Des acteurs travaillant dans le privé avant que le vallon soit acheté par le Conservatoire du littoral ou des agents publics de la mairie? J’aimerais savoir.

Le fait que la masse de béton était toujours sur place m’a fourni l’occasion d’affiner mes nettoyages d’il y a un an des déchets des deux constructions. J’ai nettoyé plus méticuleusement les sites des structures. En cherchant partout, surtout sous les arbustes, des parpaings et du béton cassé, des tuiles cassées et du verre cassé, j’ai découvert des quantités incroyables (qui m’ont échappé l’été dernier, il y en avait tellement). Aussi, le long de l’escalier supérieur, j’ai éliminé une vingtaine de grands morceaux de béton qu’on avait jeté sur les bords par commodité. De plus, il y a un an j’ai été obligé de laisser une douzaine de grand blocs de béton dans le vallon; cet été j’ai réussi à casser et à porter la moitié et j’ai roulé les autres par terre. Et finalement, sur la plage j’ai découvert encore pas mal de béton, y compris plusieurs plaques exposées par l’action des vagues que j’ai cassé et fait disparaître, sauf deux au centre: les restes de l’ancien rampe bétonnée qu’on a laissés avec indifférence sur la plage. Mon monticule de gravats a significativement grandi cet été.

 La montagne de gravats.
 La montagne de gravats.

Mais avant de me concentrer sur les débris, j’ai fait pour la troisième fois mon nettoyage annuel des escaliers et un peu de taille des plantes. A cause de mes travaux en profondeur des années passées, il n’a fallu que quelques heures pour bien balayer, etc..

En enlevant le béton sur la plage, deux nouveaux projets simples et sans aucune controverse me sont venus à l’esprit. Depuis la reconstruction de la partie inférieure de la route en béton il y a plus d’un an, un trou large et profond de 25 cm restait à l’entrée de la plage. Dans le vallon escarpé, sur les côtés de la route en béton, des pierres et de la terre se sont accumulées par l’érosion des pentes. Donc, j’ai combiné trois projets pour être plus efficace. Chaque fois que je montais la route pour transporter du béton, je redescendais avec premièrement, de grandes pierres, et puis de plus petites pierres pour combler le grand trou. Ensuite, j’ai couvert les pierres avec la terre déposée sur les bords de la route. A voir si ce remplissage va résister à l’eau, les vagues et la pluie, mais pour cette année c’est une amélioration appréciable.

Le grand trou comblé de pierres et de terre.

Addendum 3 (le 4 novembre 2021)

Au milieu d’octobre j’ai reçu un email succinct d’ André Passat: “Les gravats ont été enlevés…”.  En réponse à ma question “Comment as-tu su que les déchets avaient été enlevés?”, André a dit qu’il avait été informé du fait par le maire, sans plus éclaircir ce qui s’est passé. Quand je suis venu voir, j’ai perçu tout de suite que le travail avait été fait avec des équipements lourds et que la surface était toujours couverte de petits morceaux de béton .

 Le site du béton “nettoyé” par la mairie.

Pire, le travail du tractopelle a laissé la dalle du béton de l’ancien garage exposée à la surface, les striations faites par la pelle bien évidentes. 

Les traces bien évidentes du tractopelle sur la dalle exposée. 

J’ai conclu que finalement la mairie a réagi, mais 14 mois plus tard. Pourquoi tant de retard? C’est expliqué dans la trilogie de Peter Mayle (“A Year in Provence” etc.). Pendant cette période la mairie a probablement reçu un nombre de requêtes de la part des résidents, et peut-être par le Conservatoire du littoral et par une élue du Conseil Régional qui possède une maison en haut du vallon.

Mon projet béton n’était pas terminé. Il fallait maintenant éliminer cette dalle trop visible qui empêchait l’infiltration des eaux de pluie (pour le pin à côté) et l’établissement de végétation, et nettoyer tous les petits déchets. Heureusement, cette dalle était mince et facile d’enlever et de fracturer avec une pelle. J’ai consacré toute une journée de travail intensif pour accomplir la tâche, remplissant 21 sacs plastiques à deux-tiers. Pendant la grève des éboueurs j’avais collecté et lavé 25 sacs de marché en plastique costaud près des poubelles en anticipant d’enlever le béton avec Florian et d’autres personnes; ils m’ont plutôt bien servi pour ce labeur peu édifiant. 

Les 21 sacs remplis de béton de la dalle et l’espace du garage restauré.
Un des sacs contenant de gros morceaux de la dalle.

La prochaine étape a été de remplir de pierres et de terre cet espace excavé pour le rendre naturel en éliminant tout vestige du garage, de la même manière que je venais de le faire juste à côté pour le sentier. Demain je vais finir de mettre de la terre pour bien combler la dépression.

Mais il reste en ce moment un dernier problème: les 21 sacs de déchets qui doivent être transportés à la décharge. Qui va le faire? 

Addendum 4 (le 5 novembre 2021)

J’ai apporté aux Anthénors d’autres sacs pour redistribuer le poids des 21 sacs de béton trop lourds. Pourtant, à ma grande surprise les 21 sacs ont disparu du paysage; je suppose que les employés de la mairie les ont emportés. Super! Avec un temps de réponse raisonnable cette fois-ci, ce qui m’a libéré de la tâche en prévision de coordonner avec Florian et peut-être un autre résident pour les transporter nous-mêmes. 

Pour achever mon projet de restauration écologique, j’ai fini de prendre toute la terre et les pierres aux bords de la route bétonné, qui restaient en profondeur sous les lentisques qui empiètent sur la chaussée jusqu’un mètre du bord, pour terminer de combler la dépression du site du garage.

A deux reprises, je me suis servi de bois flottant déposé sur la plage après des tempêtes pour renforcer les barrières sur les sentiers sauvages, une pratique que je compte continuer à faire. Depuis deux mois, Il m’a fallu au moins une vingtaine d’heures de travail pour compléter tous mes projets divers.

Je suis très content avec ma transformation du vallon des Anthénors, auparavant très pollué et négligé.

Le remplissage du trou profond a résisté au ruissellement des inondations cet automne, tout à fait à droite, pas mal bien à gauche.
La route en béton nettoyée.
La route en béton nettoyée.
La route en béton nettoyée.
Le départ du sentier et le site du garage vidés de déchets et restaurés à un état plus naturel.
 Le site du garage vidés de déchets et restauré.

Addendum 5 (le 16 nov 2021)

Je viens de recevoir une surprise de la part de Florian, résident de La Redonne, que c’était en fait lui et pas la mairie qui s’est occupé des 21 sacs de béton. Le jour de Halloween, un dimanche, il a remarqué que la porte qui barre l’entrée des voitures des non-résidents du vallon des Anthénors avait été laissé ouverte. Il a vite réagi pour profiter de l’opportunité. Il a fait deux voyages avec sa voiture pour sortir les sacs à l’extérieur, les laissant près du chemin de fer, en attente de l’ouverture le 2 novembre de la déchèterie de la Redonne.

Les sacs de béton déplacés par Florian.

Deux jours plus tard, Florian a encore fait deux voyages pour transporter et vider les sacs à la décharge. Il a voulu participer en finissant tout seul cette dernière tâche pour me remercier pour mon projet de restauration environnementale et de l’entretien du sentier qui commence pas loin du pas de sa porte. 

Les morceaux de la dalle en béton déposés dans la benne par Florian (côté droite)

L’enlèvement des déchets de béton dans la vallée des Anthénors n’est malheureusement pas entièrement terminé. En plus des deux gros morceaux au milieu de la plage et de plusieurs gros morceaux à un endroit juste en haut de la plage, j’ai trouvé d’autres vestiges de l’ancien garage dispersés beaucoup plus haut dans la vallée.

L’automne dernier en explorant plus haut dans la vallée des Anthénors, juste avant des résidences, j’ai été surpris de découvrir un certain nombre de parpaings, dont beaucoup sont brisés, disséminés dans le paysage exprès pour les dissimuler.
J’ai fait un tas de ces déchets de béton à côté de la route pavée. Combien de temps cela va-t-il rester?

L’élimination totale du béton et des autres débris d’origine humaine dans le Vallon des Anthénors, est presque achevé, mais je ne peux pas le terminer sans aide extérieure. Les deux grands et épais blocs de béton au milieu de la plage que je n’ai pas pu fracturer avec une pioche nécessiteront l’utilisation d’un marteau-piqueur, s’ils sont finalement enlevés. Les autres débris de béton et de tuiles que j’ai ramassés ne sont pas énormes et donc ne nécessiteront qu’un voyage en voiture et l’accès au vallon.

Y a-t-il un voisin immédiat qui peut transporter ce béton dans sa voiture jusqu’à la décharge locale ?


Addendum 6 (le 5 janvier 2025)

Il a fallu quelques années pour que la ville enlève enfin le tas de béton qui avait triplé de taille depuis la photo précédente.

Après que les ouvriers municipaux ont enlevé les gravats de béton que j’avais laissés au fond du vallon et ont détruit la base en béton des anciennes poubelles sur la plage, il restait pas mal de béton par terre que j’ai ramassé et jeté. Quels standards primitifs !

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