1 mai 2024 par Larry Ménard
Constituant une menace extrême pour les espaces verts et la biodiversité locale, il est étonnant que tant de Marseillais ne connaissent pas Ailanthus altissima (noms communs : ailanthus, ailante, arbre du paradis, arbre du ciel, faux vernis du Japon, frêne puant), un arbre que l’on voit constamment en se déplaçant en ville. Au cours des 19 années où j’ai évoqué le problème à quiconque voulait m’écouter dans cette ville, il a été extrêmement rare de trouver quelqu’un qui ait exprimé une réelle inquiétude. Je suis stupéfait que peu de gens perçoivent l’impact incroyablement destructeur de cet exotique extrêmement envahissant sur les paysages urbains et sur les milieux naturels où il supplante la flore indigène.
Le pire était de constater un tel niveau d’ignorance parmi les écologistes autoproclamés, dont certains n’ont découvert que récemment la nature et l’écologie, la nouvelle mode politique, et ont peu ou pas de formation en sciences naturelles.
À juste titre, je trouve un écho dans la communauté scientifique, comme il se doit, et comme moi les scientifiques tirent la sonnette d’alarme. L’Ailanthus altissima est classée menace majeure pour la biodiversité des milieux naturels en PACA. Il en va de même pour Acacia dealbata et Oxalis pes-caprae, sujets secondaires de cet article.
Veuillez vous référer à l’Appendice pour cet article avec ses six entrées détaillées d’experts scientifiques et horticoles. Dans l’entrée, “Les espèces exotiques envahissantes en milieu terrestre à Marseille“, l’inquiétude s’exprime malheureusement uniquement pour les milieux naturels ce qui exclut le milieu urbain: “On peut considérer que la plupart des espèces exotiques végétales implantées en milieu urbain à Marseille, qu’elles soient spontanées ou naturalisées, font partie de « l’écosystème urbain»“
Récemment, l’éradication des espèces exotiques envahissantes a commencé à être menée dans la nature. Un programme a été lancé pour restaurer les écosystèmes indigènes du Var entre Tanneron et Mandalieu-la-Napoule en supprimant la mono-forêt d’Acacia dealbata (appelée à tort mimosa), un projet à long terme. Et dans le Parc National des Calanques, des enlèvements ont été effectués sur des espèces exotiques, notamment Agave americana et Medicago arborea, la luzerne arborescente. Ce sont des évolutions très positives, mais il n’existe absolument aucun programme de contrôle et d’élimination des plantes exotiques envahissantes dans les zones urbaines.
Je plaide pour une politique de tolérance zéro quant à la présence d’ailante lorsque cela est faisable dans les parcs urbains et les espaces verts, en particulier dans les espaces verts où sa présence est minime ou inexistante, pour une éducation générale du public, en encourageant son élimination intelligente dans les jardins privés. Des méthodes d’élimination efficaces devraient être enseignées au public et aux jardiniers professionnels dans les milieux publics et privés : l’élimination de la totalité de la plante, y compris l’ensemble du système racinaire pour les semis et les petites plantes, et l’annélation pour les arbres.
Il est regrettable que cet arbre de Chine ait été introduit dans le monde entier à la fin du XVIIIe siècle, comme arbre d’ornement dans les jardins et les rues, et plus particulièrement en France, pour nourrir les larves de papillons nocturnes afin de produire une sorte de soie et pour stabiliser les talus des voies ferrées par la SNCF. Il n’est pas surprenant que les zones les plus infestées rayonnent à partir des voies ferrées. Sans une opposition concertée, l’ailante colonisera inexorablement de plus en plus loin du réseau des lignes ferroviaires, ainsi que des routes et autoroutes par ses graines, produites de manière prolifiques, qui sont transportées par des véhicules et puis déposées parfois continuellement le long des lignes.
L’ailanthe se répand dans les parcs publics et autres espaces verts depuis les quartiers environnants, transporté des jardins privés sur des distances considérables par des rafales de vent puissantes. Lorsque l’on voit de l’ailanthe dans les fissures du trottoir, la source est généralement les jardins privés voisins. Les jardins privés ont été plus ou moins colonisés. Certains quartiers sont infestés.
Par exemple, en marchant du Métro Sainte Marguerite / Dromel au Parc de la Maison Blanche ou à l’Hôpital Sainte Marguerite, l’ailanthe est visible en permanence tout au long du parcours. Il en va de même pour l’un de mes parcours de course à pied (8 km), une boucle allant du Camas à Saint Barnabé ; on peut voir l’ailanthe dans presque chaque bloc, dans la rue et surtout dans les jardins privés.
Si l’on visite un appartement et que l’on regarde la série de jardins intérieurs contigus, on voit souvent de l’ailanthe, généralement pas dans un seul jardin, mais dans plusieurs. Les jardins sans ailanthe situés à côté d’un jardin avec ailanthe ont souvent des drageons qui poussent tout au long de la saison de croissance à partir des racines de l’arbre du voisin. Les jardins sans ailanthe assez éloignés de l’arbre source sont susceptibles d’être colonisés par ses graines ailées transportées par le vent.
Compte tenu de l’ignorance généralisée de cette espèce invasive et de l’horticulture, la plupart des Marseillais ne sont pas du tout conscients de la menace qui pèse sur les jardins. Souvent, ils sont indifférents ou accueillent même son entrée comme arbre d’ombrage, sans savoir que leur décision met en péril les jardins de leurs voisins. L’idéal serait donc de mener une campagne de sensibilisation pour encourager les gens à enlever leurs ailanthes et à supprimer l’ailanthe dès l’apparition d’une plantule, en enlevant soigneusement toutes les parties de la plante, y compris l’ensemble du système racinaire ; sinon, l’ailanthe peut se régénérer à partir de sections de la racine.
Je vais maintenant utiliser ma situation particulière pour illustrer la menace constante qui pèse sur les jardins lorsque l’ailanthe est dans les environs. Cela fait plus de quinze ans que je lutte contre l’ailanthe dans le jardin ornemental que j’ai créé il y a huit ans. À trois maisons de là se trouve un ailanthe femelle adulte. Ses samares ou graines ailées sont régulièrement transportées par le mistral/tramontane. Le jardin de mes voisins immédiats avait été colonisé dans ses plates-bandes. J’ai expliqué la menace aux nouveaux voisins, qui étaient tout à fait ignorants, en leur suggérant de l’éliminer complètement et de veiller à ce qu’elle ne se réinstalle pas. Jardiniers paresseux, ils les ont parfois coupés, sans les déterrer, ce qui n’a fait qu’exacerber le problème de mon côté du mur. À deux mètres de leur plate-bande adjacente au mur, leur ailanthe a envoyé des drageons dans mon paysage en développement. Chaque année à plusieurs reprises je les ai enlevés, y compris la plus grande partie possible du système racinaire. Ce problème récurrent n’a été résolu que lorsqu’ils ont modifié leur aménagement paysager, en pavant l’ancienne plate-bande.
Cependant, le réensemencement dans le jardin à partir de l’arbre source éloigné est une lutte constante. Pendant la saison de croissance, j’inspecte régulièrement et minutieusement tous les endroits du jardin, en particulier les arbustes. L’année dernière, j’ai dû enlever une centaine de minuscules plantules et je ne les laisse jamais dépasser quelques centimètres. Ma politique est celle de la tolérance zéro. Si je n’avais pas agi de la sorte au cours des quinze dernières années, l’espace autrefois non aménagé du jardin se serait transformé en une jungle d’ailanthe et il aurait été incroyablement difficile de l’éradiquer.
Quand j’ai rénové un jardin dans le Vauban, j’ai éliminé deux ailanthes d’environ 1,5 mètre de haut, mais cela a nécessité plusieurs séances de déterrage pendant trois ans. Une de mes amies et voisines, qui est une jardinière passionnée, a éliminé les ailanthes de sa propriété, mais cela a nécessité de nombreuses années d’efforts persistants.
Il y a quatre ans, j’ai envoyé des réponses à deux articles de La Marseillaise, l’un sur l’ailanthe et l’autre sur l’Acacia dealbata (mal nommé mimosa en France), écrits par de jeunes reporters enthousiasmés par ces deux espèces invasives classées comme des menaces majeures par la communauté scientifique pour la biodiversité et les plantes indigènes. Peu de temps après, un article scientifique est paru dans La Marseillaise qui soutenait totalement ma critique et mon inquiétude.
Ces trois articles et mes deux réponses serviront en tant que vecteur à la campagne éducative que je mène dans cet article. Les gens devraient, comme moi, être alarmés par ces invasions.
Des invasives au charme fou !
PLANTE TROPICALE
La Marseillaise, 21 août 2020
“Les plantes invasives sont des plantes qui se plaisent tellement bien à un endroit qu’elles ne laissent aucune chance aux autres de s’y installer ou de perdurer. Ces plantes dont se plaignent surtout les cultivateurs pour leurs effets nuisibles sur les cultures, ont quand même l’avantage de ne demander aucun soin et d’occuper des espaces bouleversés. Le sumac est l’une de ces super plantes, originaire des régions tropicales. Son genre est Rhus et il existe plus d’une centaine d’espèces recensées. Coriara, le sumac des corroyeurs de la famille des Anarcadiacées, est l’espèce que l’on retrouve en particulier autour de la Méditerranée.
Le sumac s’est adapté à tous les climats et à un environnement qui peut apparaître très hostile à de nombreuses autres espèces. On retrouve ce petit arbuste localement dans des sols pauvres qui ne sont pas déjà occupés par une autre invasive – à la manière de la canne de Provence dans notre région, qui a un comportement similaire dans des sols humides.
Les massifs de sumac sont très urticants, ne vous aventurez pas dans un bosquet par mégarde, vous pourriez vous brûler !
En sujet seul, le sumac reste une plante très intéressante à cultiver en pot ou au jardin, ne demandant pas un sol riche ni même très profond. Sa petite taille en fait le compagnon idéal des petites surfaces. Taillé en parasol, il vous offrira une ombre suffisante. Ses fruits peuvent être consommés comme épice et son feuillage d’un rouge éclatant ravivera la saison où l’on mange les pommes.”
“À la limite du Parc des calanques
L’ailante, Ailanthus altissima, malgré le fait qu’elle ne soit pas de la même famille que le sumac, lui ressemble comme deux gouttes d’eau quand les plantes sont encore juvéniles.”
“Une fois à taille « adulte », l’ailante, contrairement au sumac, devient un arbre qui peut facilement atteindre 15 mètres de haut. De plus, pour mieux nous induire en erreur, elle occupe les mêmes terrains pauvres : friche ou bien talus de ligne de chemin de fer accueillent aussi notre amie. Elle forme des tapis de jeunes pousses à son pied.”
“Si vos pas vous mènent jusqu’à la pinède en friche qui occupe le trajet du Boulevard Urbain Sud de notre belle cité phocéenne, vous pourrez voir la façon dont s’organise la nature pour se renouveler, en observant les ailantes qui poussent çà et là, à l’ombre des grands pins. Un projet participatif est en cours sur ce même site pour identifier les espèces constitutives de la richesse des écosystèmes, et ouvrir la voie à d’autres horizons.”
Sébastien Hébray
“Sébastien Hébray,
Je voudrais mettre en question certaines des informations contenues dans votre article: “Des invasives au charme fou!” du 21 août, 2020.
Je suis jardinier paysagiste retraité originaire de la Californie où l’ailante à certains endroits a remplacé la flore native, notamment en bas des montagnes Sierra Nevada, où il a été introduit par les Chinois dans plusieurs petites villes minières suite à la ruée vers l’or.”
“1) Plante tropicale? D’abord Rhus coriaria est une plante indigène, donc méditerranéenne [0-600 mètres en France], d’un climat tempéré, pas tropical. Certaines autres espèces de sumac viennent de climats froids en hiver, comme le Rhus typhina qu’on utilise dans le jardin, originaire de la côte est de l’Amérique du Nord, y compris le Canada. Le Rhus laurina est indigène en Californie du Sud, un climat méditerranéen, presque désertique.”
“L’Ailanthus altissima tolère le froid des Alpes du Sud (à Gap) et du Pays Bas, encore une fois, pas des climats tropicaux.
2) Le sumac des corroyeurs et l’ailante drageonnent et sont envahissants, mais ne sont pas du tout comparables. C’est l’ailante qui est extrêmement problématique partout. L’ailante ensemence prolifiquement et est en train de bien s’implanter à Marseille et dans le sud de l’Europe. Le sumac des corroyeurs n’est pas trop présent en milieu urbain. De toute façon, il est indigène comme le chêne kermès. La canne de Provence que vous citez, d’origine orientale, est une plante qui est aussi très envahissante.
3) La ressemblance entre l’ailante et le sumac des corroyeurs est superficielle, tous les deux avec de feuilles composés pennées. Les semis de l’ailante sont faciles à reconnaître, à distinguer. Je les enlève régulièrement, encore un hier. Le Rhus typhina (en anglais: staghorn sumac) pourrait être confondu avec l’ailante, mais on ne le trouve pas naturalisé localement et il est peu utilisé dans les jardins ici.
4) Personnellement je ne veux pas voir disparaître la pinède du Roy d’Espagne (en étant membre de Laisse Béton) au profit du Boulevard Urbain Sud, pas plus que je ne veux voir l’ailante envahir cette pinède ou les forêts de la région.
“A cause de l’ignorance, de la négligence et de la paresse, cet arbre est bien installé dans la vaste majorité des parcs.”
“Il y a quelques années[en 2015] j’ai documenté sa présence en photos dans un nombre de parcs: le Parc du Palais Longchamp (ruiné);”
“Le Parc Valmer (partout au fond);”
“les Plages du Prado (dans les plates-bandes au nord);”
“le Parc Borély (sur son périmètre, côté l’Huveaune, côté Ave Clot Bey, et sur l’île);”
“le Parc de la Maison Blanche (sur son périmètre, le long de deux côtés et dans la pelouse);”
“le Jardin du Pharo (du côté du blvd Charles Livon).”
“Deux des nouveaux parcs sont menacés: le Parc de La Moline (où l’arbre du ciel commence à s’installer);”
“et le Parc du 26ème Centenaire (sur deux bouts où il se répand malgré l’avertissement que j’ai donné il y a dix ans à la personne responsable – il y a même un arbre mature sur une des collines).”
[A Marseille une nouvelle menace majeure pour la biodiversité, le jardin ornemental et l’agriculture vient d’être introduite par inadvertance avec les nouvelles plantations au Parc du 26ème Centenaire: Oxalis pes-caprae, un oxalis à fleurs jaunes d’Afrique du Sud qui produit d’innombrables bulbilles minuscules et qui, s’il s’établit, sera impossible à éradiquer. Demandez à n’importe quel jardinier averti de la Côte d’Azur ou de la baie de San Francisco (comme moi), où cette plante envahissante continue à se répandre sans relâche.]
Voir l’article:
“L’ailante a bien envahi l’Hôpital de la Timone, l’Hôpital St. Marguerite, et l’Hôpital Salvator.”
“Il se répand dans les nouveaux espaces de verdure de la Rocade du Jarret.”
[Compte tenue de l’entretien généralement inadéquat et mauvais des espaces verts publics, je savais que les nouvelles plates-bandes du Jarret (Sakakini) seraient rapidement envahies par les mauvaises herbes, y compris le bermuda (chiendent) importé avec de la terre introduite, comme dans tant d’autres nouveaux paysages à Marseille. Avec Ailanthus altissima tapi dans l’ombre du périmètre et prêt à bondir, je savais que les sols libérés ne tarderaient pas à devenir des proies.]
”Et l’ailante est présent dans le Parc national des Calanques, planté et omniprésent dans le village de Morgiou. Il est depuis longtemps au bord du parking du Parc des bruyères et on ne fait pas grande chose. L’ailante va progressivement empiéter si on le permet.”
” … La ville de Rennes, la Corse et la Suisse ont des campagnes contre cette envahisseur. On devrait faire pareil ici.”
“L’ailante n’est pas notre ami, mais l’ennemi du jardinier et des espaces verts et des gens qui aiment la flore native. Plutôt que l’encourager ou accepter, il faut faire la guerre contre. C’est triste de voir les plantes natives disparaître après l’incursion des exotiques, comme dans le Massif de l’Esterel à l’intérieur de La Napoule, où Quercus suber, Arbutus unedo, et Pinus pinaster etc. ont été entièrement supplanté par l’ Acacia dealbata. On a l’impression d’être en Australie, pas en Provence; c’est décevant.”
“Regardez: paca.developpement-durable.gouv.fr: Stratégie régionale relative aux espèces végétales exotiques envahissantes en Provence-Alpes-Côte d’Azur et son plan d’actions. L’ailante est classifié comme: Espèce végétale exotique envahissante dans la catégorie Majeure dans la région alpine et dans la région méditerranéenne. Majeure désigne une: espèce végétale exotique assez fréquemment à fréquemment présente sur le territoire considéré, et qui a un recouvrement, dans ses aires de présence, régulièrement supérieur à 50% (page 63). Evidemment les experts scientifiques sont concernés. Pas vous?
Je suggère que vous repensiez votre point de vue sur l’ailante. C’est une plante à éradiquer, à bannir du commerce, pas à promouvoir. Ses rejets ne sont pas jolis, et son feuillage a une odeur puante. En anglais son nom commun est “l’arbre du paradis”; selon moi il vient (figurativement) de l’enfer. C’est un pacte faustien: avec une croissance très rapide et une tolérance pour les pires des conditions horticoles on a un arbre grand après peu d’années, mais bientôt il va resemer autour (i.e Hortus, jardin botanique d’Utrecht, Pays Bas où on a planté une ligne de cinq arbres et où j’ai indiqué aux jardiniers trois petites ailantes qui ont poussé depuis, ou au Jardin des plantes à Montpellier où il est en train de gagner le terrain d’une partie mal entretenue).”
“Et si on le coupe il va repartir de ses racines avec une telle vengeance qu’il produit une jungle impénétrable, comme en face des Compagnons du Devoir sur la rue du docteur Cauvin du quartier de la Parette.”
Larry Ménard
[#LeVivantSurprend] L’Ailanthus altissima dans l’oeil de Sophie Gachet
LA MARSEILLAISE / 02/01/2021
La Marseillaise avec l’association Donut infolab et l’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’écologie marine et continentale ont lancé début décembre une grande chasse à l’image de la biodiversité que vous croisez au coin de la rue, dans la nature ou dans votre jardin. Chaque week-end, Sophie Gachet décrypte vos photos. …
“Cette semaine, bien à l’abri entre mur et perron, la nouvelle plante est mise en vedette est un jeune ailante (Ailanthus altissima), arbre très tolérant à la sécheresse et à la pollution, ce qui explique en partie qu’on l’ait importé de Chine à la fin du XVIIIe siècle comme arbre d’alignement dans plusieurs pays.
Nous voilà en présence d’une espèce exotique peu exigeante, à croissance très rapide et capable de supporter un large éventail de conditions climatiques, qui produit de nombreuses graines mais également des drageons (repousses à partir de la racine).
Avec toutes ces caractéristiques, autant vous dire que l’ailante s’est vite répandu hors des endroits où on l’avait initialement planté, au point d’être désormais considéré comme une des plantes les plus invasives dans plusieurs pays d’Europe, aux USA et en Australie, et faire parfois l’objet de mesures d’éradication.
Mais pourquoi ne pas se réjouir de la présence d’une espèce supplémentaire dans notre région ? Le plus n’est-il pas le mieux en ce qui concerne le vivant ? Pas toujours ! Les invasions biologiques sont en effet l’une des trois causes majeures de l’érosion de la biodiversité dans le monde.
Qu’elles soient transportées volontairement ou non par l’homme d’un continent à l’autre, certaines espèces d’êtres vivants (plantes, animaux, champignons, etc.) parviennent à s’acclimater à leur nouvel environnement au point d’y prospérer, parfois bien mieux que dans leur aire d’origine – d’autant plus que dans ce nouvel environnement ne s’y trouvent souvent pas leurs maladies, parasites ou prédateurs ! Si ces espèces deviennent surabondantes, elles entrent en compétition avec les espèces indigènes qui risquent alors de disparaître.
Revenons à l’ailante : il a aujourd’hui quitté les bords de route ou de voies ferrées pour gagner les zones urbaines mais aussi les milieux naturels, où sa vigoureuse capacité de croissance et d’expansion entrave durablement celle de certaines espèces locales moins compétitrices. D’autant plus que l’ailante est doué d’allélopathie, c’est-à-dire qu’il sécrète des composés toxiques pour les autres plantes. Quant à vous, animaux humains, ne vous croyez pas à l’abri de ses «méfaits » : sa sève est très allergisante, et ses racines puissantes peuvent causer des dégâts aux canalisations enterrées !”
Le bonheur est sur la route du mimosa La Marseillaise 30 janvier, 2021
De Bormes-les-Mimosas à Grasse, 130 km d’un parcours touristique unique.
“BALADE
Sur la Côte d’Azur hivernale, il existe une route de 130 km bordée d’arbres qui évoquent le soleil et distillent une senteur mystérieuse et subtile. Vous avez deviné ? Il s’agit de la route du mimosa. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est par ici !
Si tous les chemins mènent à Rome, il existe une route qui possède la magie de nous faire ressentir l’été même en hiver. De janvier à mars, la route du mimosa entre Bormes (83) et Grasse (06) propose un bol d’air entre bleu azur et jaune soleil. Des escales dans les villes étapes mettent en avant de nombreuses activités : gastronomie, balades pédestres, visites… autour du mimosa.
L’édition 2021 sera particulière, pandémie oblige. Les corsos et autres manifestations publiques sont annulés. Mais Sandrine Falduto, à la communication de la ville de Sainte-Maxime, reste optimiste : « Cette année sera sous le signe de la nature en liberté et la découverte des massifs. » Les Maures, l’Estérel ou le Parc austral Gonzalez sont autant d’étapes, de parcs avec visite guidée où chacun pourra mettre ses sens en éveil immergé dans des sites inoubliables.
Un peu d’histoire
C’est autour de 1880 que ce magnifique arbre à pompons jaunes veloutés, originaire d’Australie, fait son apparition sur les pentes de la Croix des Gardes à Cannes, vraisemblablement introduit par un des grands hôtes hivernaux, Duc, Marquis ou Lord selon les versions. La Société d’horticulture et d’acclimatation du Var contribue à sa promotion. Les mimosistes vont, dès lors, se multiplier dans la région, à Mandelieu, Pégomas, Tanneron ou La Roquette. Des gares de Cannes et de Mandelieu, le mimosa est expédié dans toutes les grandes villes de France et d’Europe.
Le mimosa appartient au genre acacia et à l’ordre des mimosées. Il doit exister 1 200 espèces et seulement 800 sont recensées. Il a toute sa place en gastronomie. Sirops, bonbons, chocolats et délicates pâtisseries aux notes fleuries sont autant de surprises sucrées à découvrir. La gelée de mimosa au citron est un classique, les chocolats « Le Mimosa d’Agay » retiennent toute notre gourmandise. Les honneurs de cette invention reviennent à l’artisan chocolatier Didier Carrié à Saint-Raphaël. Roulée dans la poudre de mimosa cristallisée, cette truffe de chocolat blanc est parfumée avec du mimosa, de l’écorce de citron confit, le tout légèrement relevé d’une liqueur de plantes.
La ville de Grasse est reconnue par les plus grandes marques de parfumerie pour ses essences de fleurs. Le mimosa là aussi prend place. Ses fleurs très prisées pour l’élaboration de parfums, sont composées d’une multitude de molécules. Le mimosa a une note ressemblant étonnamment à la violette, en plus subtile et plus aérienne et aux senteurs plus fleuries, poudrées et vertes. De façon plus concrète, si on cite Amarige de Givenchy, Paris d’Yves Saint-Laurent ou Champs Élysées de Guerlain, sentez-vous mieux cette note caractéristique ? Pourquoi attendre encore pour se laisser porter par un peu de bonheur ?”
Marie-Laure Thomas
“Marie-Laure Thomas et La Marseillaise,
Je voudrais faire un commentaire sur deux articles que vous avez écrits.
D’abord, au sujet de “La Route du mimosa”, vous n’avez pas discuté du tout de la nature envahissante de l’Acacia dealbata. Cet arbre exotique est en train depuis longtemps de remplacer la flore indigène dans le Vars – une réalité terrible, pas à célébrer. Pareil pour l’ailante.
L’article sur l’ailante, [#LeVivantSurprend] L’Ailanthus altissima dans l’oeil de Sophie Gachet, 02/01/2021, où elle souligne la menace de cet arbre hyper-envahissant pour la biodiversité, représente la première fois que je vois localement une telle expression de souci depuis 15 ans. Comme moi, elle sonne l’alerte …
Dans le East Bay de San Francisco, à Berkeley et Oakland (d’où je viens), on est en train d’éliminer les forêts d’eucalyptus et d’acacias qu’on avait malheureusement plantées dans les collines au début du siècle dernier .”
“Par contre, je suis très content de lire votre article, “Un Hackathon pour stopper l’érosion de la nature en ville”. C’est la première fois que je vois exprimer ici l’importance du placement, de la distanciation, et de l’entretien des arbres. Franck Mainard est profondément influencé par l’approche anglo-saxonne, bien réfléchie en termes de conception et respectueuse des plantes…”
Larry Ménard
Dans la culture dysfonctionnelle de laissez-faire de Marseille, où les comportements incivils empoisonnent la qualité de vie quotidienne, il n’est pas étonnant que l’invasion de l’ailanthus soit tolérée paresseusement. Totalement frustré par l’ignorance et l’indifférence manifestes que j’ai rencontrées jusqu’à présent, je suis tombé, après avoir conclu cet article, sur l’approche et la politique éclairées de la ville de Toulon, qui soutiennent entièrement mon analyse. Marseille devrait s’inspirer de Toulon. La recherche mondiale sur les techniques horticoles d’éradication de l’Ailanthus Atissima est très bien présentée.
UN ARBRE INVASIF À ÉLIMINER.
L’Ailante glanduleux DIRECTION DES ESPACES VERTS DE TOULON
L’Ailante glanduleux
L’Ailanthus altissima a pour nom commun l’Ailante glanduleux ou Faux Vernis du Japon ou Faux Vernis de Chine. C’est une espèce d’arbres à feuilles caduques de la famille des Simaroubaceae.
Les origines :
L’Ailante glanduleux est natif à la fois du nord-est et du centre de la Chine et de Taïwan. On l’utilisait en Chine comme plante hôte pour le ver à soie.
Introduit en Europe vers le 18e siècle, il a d’abord été considéré comme un sujet magnifique pour les jardins. Au 19e siècle, il a été utilisé comme arbre de rue.
Toutefois le charme est vite retombé, lorsque les jardiniers ont constaté ses fortes capacités à drageonner et son odeur nauséabonde.
Aujourd’hui considérée comme plante indésirable, il doit être éradiquer. Son mode de multiplication est très performant. Il se renouvelle par graines, drageons et même tronçons de racines lorsqu’elles sont coupées, ce qui rend l’éradication difficile.
De plus, l’ailante produit une substance chimique : l’ailanthone qui inhibe la croissance de nombreuses autres plantes.
En bref, cette essence très invasive pousse spontanément sur les délaissés de voirie, le long des murs, les friches et doit être éliminée au plus tôt.
Sur le sujet adulte, l’abattage, l’essouchement et l’arrachage systématique des racines sont obligatoires si l’on veut vraiment supprimer cette peste végétale.
Quelques mesures de prévention :
Ne pas utiliser cette espèce dans les jardins et les parcs.
Éliminer les plantes déjà présentes dans les jardins.
La coupe favorise le drageonnement, un suivi dans la lutte est donc primordial.
Éviter de laisser le sol à nu dans les terrains envahis par la plante, semer des espèces indigènes couvrantes adaptées au milieu.
Ne pas composter la plante, éliminer les déchets végétaux par incinération.
Ne pas utiliser de la terre contaminée par la plante.
Surveiller les lieux d’apparition potentiels.
Quelques méthodes de lutte :
Arrachage ou coupe des rejets (tronc, souche) et des drageons
Où : sur les terrains nouvellement infestés, aux alentours des arbres adultes, partout où l’on trouve des semis et des jeunes plants.
Quand : dès la germination, jusqu’à avant la production de graine (mai – septembre)
Les jeunes arbres et les drageons peuvent s’arracher. L’arrachage se fait en plusieurs fois et avec précaution entre mai et octobre, de façon à retirer la plus grande quantité possible de racines. L’arrachage des rejets et des drageons doit continuer rigoureusement pendant au moins trois ans, sinon l’élimination n’aboutit pas.
Fauche répétée:
Où : sur les jeunes plants et les rejets de moins d’un an, formant des foyers de surface importante (> 10 m²), il est conseillé d’effectuer 5 à 6 fauchages par an
Quand : d’avril à septembre lors de la période de végétation.
Pour être efficace, la fauche doit être répétée plusieurs fois par an et pendant plusieurs années de suite (au minimum 5 ans) pour conduire à la régression de la plante.
Annelage du tronc :
Où : sur les arbres adultes, ou les arbustes trop gros pour être arrachés.
Quand : cette méthode doit être appliquée quand les réserves racinaires sont basses, donc au début de l’été.
L’annelage consiste à entailler et écorcer les troncs de l’arbre (près du sol) sur une largeur de 3 à 5 cm et sur 80 à 90 % de la circonférence de l’arbre. Il est important de laisser une petite partie de l’écorce intacte, sinon l’arbre peut réagir en drageonnant violemment.
Ainsi, il ne peut plus accumuler de réserves dans ses racines. Le peu d’énergie restant dans les racines est consommée au printemps suivant. L’annelage du tronc peut alors être complété sur toute la circonférence du tronc. L’arbre meurt et peut être abattu.
Abattage et arrachage :
Où : de préférence sur des petites infestations de nouvelles pousses. Éventuellement sur des arbres adultes, ou des arbustes trop gros pour être arrachés.
Quand : au début de l’été, quand les réserves racinaires de l’arbre sont basses.
Les arbres adultes doivent être abattus professionnellement. Les ressources peuvent s’avérer insuffisantes pour abattre une population entière. Dans ce cas, il est recommandé d’encercler la population et de se rapprocher du centre par étapes. Il faut tout d’abord éliminer les arbres femelles produisant des fruits. Puis il s’agit, à partir de la périphérie, d’arracher les drageons et leurs racines le mieux possible.
Dessouchage :
Où : sur les souches d’arbres ou arbustes abattus.
Quand : toute l’année, si possible avant la fructification.
Déterrer la souche aussi complètement que possible à l’aide d’une pioche ou d’une bêche (pour les petits sujets), d’un engin mécanique (pour les gros sujets) afin de réduire les réserves nutritives à disposition des drageons. Si cela n’est que partiellement possible, il faut rigoureusement arracher les drageons pendant au moins trois années consécutives.
Appendice
paca.developpement-durable.gouv.fr
Stratégie régionale relative aux espèces végétales exotiques envahissantes en Provence- Alpes-Côte d’Azur et son plan d’actions Octobre 2014
Impact négatif sur la biodiversité et l’environnement
Compétition avec les espèces indigènes et perte de biodiversité (diminution de la richesse spécifique et de la diversité des communautés envahies) : banalisation de la flore, uniformisation des habitats naturels, menace pour les biotopes exceptionnels, pour la biodiversité (ex : sur l’entomofaune lorsque la pollinisation est au profit de ceratines EVEE comme les Carpobrotus spp.) et les espèces rares (particulièrement dans les systèmes insulaires).
Majeure
Espèce végétale exotique assez fréquemment à fréquemment présente sur le territoire considéré et qui a un recouvrement, dans ses aires de présence, régulièrement supérieur à 50%
Sélections des listes complètes
EVEE de la catégorie Majeure en région PACA
Acacia dealbata: Mimosa argenté
Acer negundo: Erable negundo
Ailanthus altissima: Ailante
Buddleja davidii: Arbre aux papillons
Carpobrotus spp. (inclus C. acinaciformis, C. edulis et C. acinaciformis x C. edulis): Griffe de sorcière
Cortaderia selloana: Herbe de la Pampa
Lonicera japonica: Chèvrefeuille du Japon
Medicago arborea: Luzerne arborescente Opuntia ficus-indica: Figuier de Barbarie
Opuntia stricta: Oponce
Oxalis pes-caprae:Oxalis pied-de-chèvre
Robinia pseudo-acacia: Robinier faux- acacia
EVEE de la Catégorie Modérée en région PACA
Agave americana: Agave d’Amérique
Atriplex halimus: Arroche halime
Ligustrum lucidum: Troène luisant
Pittosporum tobira
Yucca gloriosa
EVEE de la Catégorie Emergente en région PACA
Senecio angulatus: Séneçon angulaire
marseille.fr
LA STRATÉGIE LOCALE PARTENARIALE EN FAVEUR DE LA BIODIVERSITÉ TERRESTRE ET MARINE DE MARSEILLE
Octobre 2020
Les espèces exotiques envahissantes en milieu terrestre à Marseille
On peut considérer que la plupart des espèces exotiques végétales implantées en milieu urbain à Marseille, qu’elles soient spontanées ou naturalisées, font partie de « l’écosystème urbain». Mais, certaines peuvent proliférer au point de devenir envahissantes et d’exercer une menace sur les milieux naturels, la santé humaine ou les activités économiques. Au moins 45 espèces végétales considérées comme EEE ont ainsi été signalées à Marseille (Guillard, 1999). La plupart n’ont pas colonisé les milieux de façon importante, mais aujourd’hui on considère que 12 d’entre elles se développent de manière préoccupante (cf. annexe IIIa). Parmi elles, l’ailante glanduleux figure dans la liste européenne des EEE et doit faire l’objet d’un plan de gestion.
fr.wikipédia.org
Liste d’espèces envahissantes classées parmi les plus nuisibles au xxie siècle
Acacia dealbata: Mimosa des fleuristes
Origine: Australie, Nouvelle-Zélande
Zones où l’espèce est considérée comme envahissante: Europe, Afrique du Sud, Californie, Inde, Chili, Madagascar, Inde
Compétition avec la végétation indigène
Effets allélopathiques
Modification de l’hydrologie
Diminution de la production forestière
Allergies
Ailanthus altissima: Ailante glanduleux, Ailante ou Faux vernis du Japon ou Vernis de Chine
Origine: Est de l’Asie (Chine)
Zones où l’espèce est considérée comme envahissante: Europe, Afrique, États-Unis, Amérique du Sud, Asie, Australie
Compétition avec la végétation indigène
Effets allélopathiques
Dommages causés par le système racinaire
Dermatites par contact et possibles myocardites lors de contacts prolongés
Oxalis pes-caprae: Oxalis pied de chèvre
Origine: Afrique du Sud
Zones où l’espèce est considérée comme envahissante: Régions méditerranéennes (Sud de l’Europe et Sud-Ouest de l’Asie), Nord de l’Afrique, Pakistan, Inde, États-Unis
Compétition possible avec des espèces indigènes
Toxicité pour le bétail (présence importante d’oxalates)
Réduction de la production agricole
Penn State Extension
L’arbre du paradis
L’arbre de paradis (Ailanthus altissima) est un arbre envahissant et une mauvaise herbe nuisible en Pennsylvanie (Etats-Unis).
L’arbre du ciel (Ailanthus altissima), communément appelé ailanthus, est un arbre à feuilles caduques à croissance rapide originaire du nord-est et du centre de la Chine, ainsi que de Taïwan. Il a été introduit pour la première fois aux États-Unis dans la région de Philadelphie à la fin des années 1700. Les immigrants ont ensuite introduit l’arbre du ciel sur la côte ouest dans les années 1850.
L’arbre a d’abord été apprécié en tant qu’arbre d’ombrage ornemental unique, à croissance rapide, capable de pousser sur un large éventail de sites, tolérant les sols pauvres et la qualité de l’air. Il a été largement planté de la ville de New York à Washington, D.C. Au début des années 1900, l’arbre a commencé à perdre de sa popularité en raison de sa nature de « mauvaise herbe », de la prolifération de ses racines et de son odeur nauséabonde. L’arbre de paradis s’est répandu et est devenu une plante envahissante commune dans les zones urbaines, agricoles et forestières.
Taille : L’arbre de paradis a une croissance rapide et peut devenir un grand arbre, atteignant 24 mètres de haut et jusqu’à 2 mètres de diamètre.
Écorce : L’écorce de l’arbre du paradis est lisse et d’un vert brunâtre lorsqu’elle est jeune, puis devient brun clair à gris, ressemblant à la peau d’un cantaloup.
Feuilles : Les feuilles de l’arbre de paradis sont composées de manière pennée, c’est-à-dire qu’elles ont une tige centrale à laquelle sont attachées des folioles de chaque côté. Une feuille peut mesurer de 1 à 4 pieds de long et comporter de 10 à 40 folioles. Les folioles sont en forme de lance avec des marges lisses ou « entières ». À la base de chaque foliole se trouvent une ou deux bosses saillantes appelées dents glandulaires. Lorsqu’elles sont écrasées, les feuilles et toutes les parties de la plante dégagent une odeur forte et nauséabonde.
Graines : Les graines des arbres femelles se présentent sous la forme d’une samare ou d’une aile torsadée de 2,5-5 cm. de long. Il y a une graine par samare. Les samares se trouvent en grappes, qui restent souvent accrochées à l’arbre pendant l’hiver.
Similitudes : Cette espèce est facilement confondue avec certains de nos arbres indigènes qui ont des feuilles composées et de nombreuses folioles, comme le sumac vinaigrier, le noyer noir et le caryer. Les bords des folioles de ces arbres indigènes présentent tous des dents, appelées dentelures, alors que ceux de l’arbre de paradis sont lisses. L’odeur nauséabonde produite par le feuillage écrasé et les brindilles cassées est également propre à l’arbre du paradis.
Dispersion : L’arbre de paradis est dioïque, c’est-à-dire qu’un arbre est soit mâle, soit femelle, et pousse généralement en colonies denses, ou « clones ». Tous les arbres d’un même clone sont du même sexe. Les arbres femelles sont des semenciers prolifiques qui peuvent produire plus de 300 000 graines par an. Les samares à une seule graine sont dispersées par le vent.
Les arbres établis se propagent continuellement en envoyant des drageons qui peuvent émerger jusqu’à 15 mètres de l’arbre parent. Un arbre de paradis coupé ou blessé peut produire des douzaines de souches et de racines. Les pousses, dès l’âge de deux ans, sont capables de produire des graines. L’arbre du paradis produit des substances chimiques allélopathiques dans ses feuilles, ses racines et son écorce qui peuvent limiter ou empêcher l’établissement d’autres plantes.
Site : L’arbre de paradis pousse presque partout, depuis les déblais miniers en plein soleil jusqu’aux sols alluviaux fertiles, partiellement ombragés, le long des fleuves et des rivières. En dehors des zones urbaines, l’arbre du ciel pousse désormais en bordure des bois, le long des routes, des voies ferrées, des clôtures et dans les clairières. L’arbre de paradis ne tolère pas l’ombre et ne peut pas être compétitif sous un couvert forestier fermé, mais il colonise rapidement les zones perturbées, profitant des forêts défoliées par les insectes ou touchées par le vent et d’autres perturbations.
Lutte : En raison de l’étendue de son système racinaire et de sa capacité de repousse, l’arbre du paradis est difficile à contrôler. Le choix du moment du traitement et le suivi la deuxième année sont des facteurs essentiels de réussite. Les méthodes mécaniques, telles que la coupe ou le fauchage, sont inefficaces, car l’arbre réagit en produisant un grand nombre de pousses de souche et de drageons. Lorsqu’il est nécessaire de couper l’arbre du paradis pour éliminer des arbres potentiellement dangereux, il est préférable de traiter d’abord avec un herbicide, d’attendre que les symptômes se développent (environ 30 jours), puis de couper. ….
Préparé par: David R. Jackson, forest resources educator; Art Gover, research support associate, Wildland Weed Management Program.and Sarah Wurzbacher, forest resources educator.
Asiatique envahissante
L’ailante glanduleux
Histoire à rebondissements d’un arbre chinois
Texte : Yann Dumas
…. Après l’engouement, la désillusion?
Sa capacité d’adaptation pourrait être un argument pour opérer de nouvelles plantations dans un contexte de changements globaux. Alors que des essences forestières ou ornementales souffrent du réchauffement climatique (sécheresses estivales, canicules ) ou de la pollution notamment en milieu urbain, l’ailante est-il l’arbre miracle que I’on doit planter partout ?
Pas tout à fait… Son caractère envahissant laisse entrevoir des impacts négatifs sur la biodiversité.
Les études scientifiques menées au sujet de Ia flore associée à cette essence enregistrent une baisse d’environ 20 à 30% du nombre d’espèces, que ce soient sur les îles méditerranéennes ou dans les forêts métropolitaines. En effet, cet arbre produit un herbicide naturel, l’ailantone, qui semble provoquer une sélection de plantes non seulement résistantes à cette molécule. mais également toxiques (allélopathiques) pour leurs voisines. Et, puisque la flore est le premier maillon de la chaîne trophique, cette baisse de diversité pourrait avoir une incidence en cascade sur les autres maillons, à commencer par les insectes butineurs ou phytophages. Des résultats récents sur le fonctionnement d’écosystèmes rivulaires méditerranéens vont d’ailleurs dans le sens d’une altération en présence d’ailante. Dans des milieux moins naturels, les responsables de l’entretien des voies de la SNCF attribuent une note de risque potentiel aux plantes les plus fréquentes à proximité des voies. L’ailante obtient f indice le plus fort en raison du risque qu’il fait peser sur les ouvrages (érosion, dégâts occasionnés par les racines). C’est aussi la vision qu’en ont, par exemple, les architectes des bâtiments historiques au Portugal ou les archéologues en Italie, Cet arbre est capable de s’adapter à des conditions extrêmement difficiles et de se développer dans une simple fissure de la pierre, occasionnant ensuite des dégâts aux bâtiments et ce d’autant plus que ses graines se disséminent très bien et qui drageonne abondamment.
L’ailante est un bel arbre de parc, majestueux et admirable par bien des aspects de sa biologie, ce qui en fait un champion de l’adaptation et de la croissance mais l’idée de le propager à grande échelle fut et reste encore certainement une très mauvaise idée !
aujardin.info
Ailante glanduleux, Faux vernis de Chine, Frêne puant
Ailanthus altissima est un arbre ornemental toxique qu’il vaut mieux éviter de planter. D’une grande adaptabilité, il pousse partout, invasif et envahissant : une plante opportuniste des friches industrielles et milieux naturels ouverts. …
Espèce citadine, très résistante à la pollution, il fut planté en Europe du Nord dans les villes comme Berlin ou Londres. Son feuillage est attrayant et plutôt exotique, mais c’est une espèce envahissante et invasive, d’une grande agressivité du point de vue de sa reproduction, qu’il est déconseillé de planter dans son jardin.
Jeune, l’ailante glanduleux peut-être confondu avec le Sumac vinaigrier, mais devient bien plus grand. …
Toutes la plante, et notamment les feuilles froissées et les fleurs mâles, dégagent une odeur de tabac ou d’arachide pourrie, d’où son nom de frêne puant. …
L’espèce est dioïque. L’arbre mâle fleurit davantage que l’arbre femelle, d’où son attrait ornemental, mais dégage une odeur nauséabonde forte pour attirer les insectes pollinisateurs. …
Ailanthus altissima rejette spontanément à partir des racines, et encore davantage si ces racines sont perturbées par le travail de la terre. …
Étant une espèce invasive, il est déconseillé de cultiver l’ailante. Il colonise les milieux naturels dès qu’il y a un peu de lumière disponible : arbre effondré, clairière, haie, ripisylve, bord de chemin. L’espèce s’impose rapidement dans un milieu au point d’empêcher la croissance et la régénération des espèces indigènes. Il n’y a que l’ombre pleine et les inondations qu’il ne supporte pas.
Par contre, c’est un arbre très tolérant aux pollutions par le soufre, le ciment, certains goudrons, l’ozone, le mercure, l’un des seuls arbres à supporter des terres exceptionnellement acides, ce qui en fait un pionnier des friches industrielles.
Il supporte aussi de fortes salinités et des sols très secs, ayant la capacité de stocker l’eau dans ses racines, et il est résistant aux maladies cryptogamiques. …
Sa croissance est rapide : il pousse de 1 à 2 m pendant ses 4 premières années, hors ombrage.
Ailanthus altissima rejette très facilement des racines : tout recépage, abattage, bêchage autour de cet arbre provoque la remontée de multiples drageons à partir des racines. Une zone entière peut ainsi être rapidement envahie d’ailante, au détriment des autres végétaux, tués peu à peu.
De même, les semis spontanés doivent être arrachés quand ils sont les plus jeunes possible, en récupérant toutes les racines dans la terre. Un morceau de racine isolée peut refaire un arbre. Il ne faut surtout pas les tondre.