Le 26 octobre 2019, par Larry Ménard
L’année dernière les branches des jeunes arbres du côté sud-est de l’église Saint Michel (le Camas, 5ème), les féviers d’Amérique, descendaient très bas, touchant même le trottoir; depuis plusieurs mois les piétons étaient obligés de les contourner, réduits à marcher sur la chaussée. Rien d’anormal pour Marseille où un laisser-aller considérable de l’entretien de l’espace public se voit partout.
Cet espace abandonné par les services publics attendait que l’on s’ en occupe. Mais l’intervention citoyenne dans les espaces collectifs pour les améliorer est une pratique plutôt étrangère et nouvelle aux moeurs françaises, contrairement à d’autres cultures. La motivation d’agir tout seul m’est venue naturellement, en étant (binational) originaire de la Californie où j’ai été jardinier paysagiste. En tant que professionnel là-bas pour des clients en maisons individuelles, c’était leur responsabilité, et donc la mienne, de maintenir en bon état le trottoir et le caniveau; en fait, je faisais en plus l’entretien de deux “public paths” (escaliers publics) dans les collines de Berkeley avoisinant mes clients. (Il y a même un groupe citoyen bénévole, the Berkeley Path Wanderers Association, qui aide la ville à entretenir les chemins publics).
En arrivant à Marseille en 2005 avec mon épouse native du quartier Saint Pierre, nous avons été confrontés à une réalité diamétralement opposée en termes de relation aux espaces en commun, de l’incorporation de la nature en ville et sa préservation en périphérie, et de l’écologie en général à celle qui prévaut dans la Baie de San Francisco: l’indifférence généralisée des Marseillais, renforcée par leur sentiment d’impuissance dans un système qui manque de démocratie. J’ai appris que le Comité d’Intérêt de Quartier Longchamp soutenait un projet de construire un grand parking sous le Jardin Zoologique du Palais Longchamp qui nécessiterait l’abattage de tous les arbres existants au-dessus, éliminant la possibilité d’avoir des arbres dans ce secteur. Une proposition inconcevable pour n’importe quelle culture évoluée! Quel rapport à la nature!
Nous avions quitté un quartier à Berkeley où notre “neighborhood association” (l’équivalent d’un CIQ), avec le soutien de la ville, avait converti un grand terrain de stationnement de voitures en mini-parc, une transformation superbe suite à un processus très démocratique. Ce mini-parc, sauf la pelouse, est auto-géré par les voisins. Dès sa création et pendant cinq ans j’ai été le chef de l’équipe de l’entretien de ce parc du voisinage nommé Halcyon Commons.
Sur la rue Halcyon Court l’immense parking a été créé par l’élimination du ligne de tramway de Telegraph Avenue (que Jack London prenait au début du 20ème siècle); après la 2ème guerre mondiale les transports en commun ont été massivement supprimés aux USA en faveur de l’automobile, grâce à une campagne concertée des industries automobiles et pétrolières.
L’emplacement il y a 25 ans de ce magnifique parc de voisinage au milieu d’une vaste étendue stérile et chaude d’asphalte améliore dramatiquement la qualité de vie (naturelle et sociale) du quartier. Ce mouvement citoyen du Halcyon Neighborhood Association a inspiré d’autres quartiers à faire pareil. Ailleurs à Berkeley plusieurs mini-parcs auto-gérés ont été développés, aidés par l’association de participation citoyenne, Berkeley Partners for Parks.
Voir l’article:
A Marseille, par contre, nous nous sommes retrouvés réduits à lutter contre la destruction et privatisation des parcs en joignant des collectifs créés pour défendre l’intérêt commun: S.O.S. Longchamp, puis Laisse Béton. C’est déprimant d’avoir à lutter, surtout en vain, pour essayer de préserver le peu de verdure qui reste en centre ville, une véritable jungle de béton. La disparition du parc du 6ème, le Square Michel Levy, a été, encore une fois, approuvée par le CIQ du quartier. Je ne considère pas le nouveau jardin, d’une si mauvaise conception, sur le toit du parking souterrain comme digne d’être appelé parc. Quelle ville! La vaste majorité de la population est indifférente.
Il y a plusieurs années j’ai manifesté avec un petit groupe de SOS Longchamp à l’extérieur de la mairie des 4ème et 5ème arrondissements contre le parking souterrain proposé. Quand Marie-Arlette Carlotti est sortie de la réunion, elle a relaté que Bruno Gilles a dit qu’il “se fichait de ce que le Californien pense”. C’est mon expérience globale à Marseille.
Fatigué de toujours faire de la politique négative, anti-, je cherche des choses positives à faire pour améliorer la qualité de la vie. Il y a sept ans à peu près, inspiré par le mouvement citoyen de “rues vertes”, j’ai été le premier dans mon voisinage de créer un jardin en pots devant notre bâtiment. Cette installation n’était pas du bricolage minable, mais a été planifiée. Il y avait neuf grands pots en terracotta (enchaînés ensemble) avec arbustes et couvre-sols: deux laurier-tins, deux nandinas, deux agapanthes, deux fuchsias rustiques, un jasmin étoilé, vrai géranium, petite pervenche, campanule, etc. J’ai eu 300 euros de dépenses. Les plantes étaient alignées contre le mur, ne dépassant pas les marches des entrées des résidences; donc, elles ne gênaient pas du tout le passage. C’était un embellissement de notre rue, qui est sale et stérile même en considérant le jardin au coin que j’évite de regarder parce que toutes les plantes sont régulièrement mutilées, massacrées, à la française. J’ai fait une scène dans la rue il y a deux ans quand le jardinier professionnel français a totalement décapité le chêne vert; c’était une “taille esthétique”, selon lui, tout-à-fait normale d’un arbre déjà déformé, auparavant taillé en grand topiaire, en forme cylindrique. Quel horreur! Quel arnaque pseudo-professionnel.
Voir l’article:
L’accueil de mon jardin public par le voisinage a été mélangé. J’ai remarqué que certaines personnes n’aimaient pas trop cette acte révolutionnaire, le changement, ou moi, tout simplement, un immigrant qui a l’audace de m’impliquer dans la vie du quartier. (Je rencontre sans cesse la xénophobie; j’aurai toujours un statu d’infériorité). Pourtant, la réaction d’une partie du public était positive; j’ai reçu quelques compliments.
Mon essai serait de courte durée. Les problèmes et les dégâts étaient fréquents. Les chiens pissaient sur les pots. Les fumeurs les utilisaient comme cendriers. Des branches ont été cassées, des fleurs cueillies, des couvre-sols et du terreau volés. Finalement, après trois mois des jeunes se sont fait plaisir en arrachant toutes les plantes pour les jeter dans la rue. Comme on aime la nature à Marseille! Je suis arrivé en temps heureusement pour sauver toutes mes plantes, qui sont maintenant bien protégées, la plupart plantées dans le jardin d’ornement dans la cour derrière que j’ai réalisé en tant que locataire.
Depuis l’imposition il ya 5 ans d’un grand bâtiment avec supermarché en face de chez nous sans aucune consultation des voisins à la place d’un magasin de vente de voitures Renault, la rue est devenue très sale. J’ai commencé à bien balayer le trottoir et le caniveau devant quatre résidences. Je ne supporte pas le “litter” ( il n’y a pas un mot spécifique pour ce concept en français), ce qu’on appelle les déchets dans la rue, surtout les mégots jetés partout, dont beaucoup finissent dans la mer.
Il y a deux ans quand les trottoirs avait été couverts de gravier goudronné après l’asphaltage de la chaussée et en sachant que le cantonnier ne ferait pas grande chose, j’ai décidé d’enlever tout ce gravier de notre côté de la rue de Verdun d’un coin à l’autre, du trottoir, du caniveau et de la chaussée, un travail qui a pris deux heures. Curieusement, après des années de mes nettoyages périodiques, j’attends toujours la première personne à me remercier. Les gens passent, leurs visages vides, sans me regarder du tout, comme si je n’existais pas. Bizarre cette culture atomisée et anonyme!
J’ai fait une campagne auprès du gérant du supermarché pour éduquer ses employés, dont beaucoup sont des fumeurs qui jettent leurs mégots devant chez nous, des effets néfastes des mégots et de la nicotine pour la vie aquatique. Je lui ai donné des copies de documents explicatifs pleins de statistiques impressionnantes. Le résultat positif de mes efforts est que quelques employés ont été réformés; d’autres restent très hostiles envers moi.
L’année dernière quand j’ai finalement osé sur la Place de l’Archange (l’Eglise St. Michel) couper les branches basses de quatre féviers (espèce originaire du mid-ouest des Etats-Unis); j’ai fait le travail un dimanche après-midi exprès pour éviter toute autorité publique. Les Marseillais qui passaient étaient soit glacialement indifférents, soit même gênés par ma présence sur mon échelle, avec mes scies à main et à perche. Quels gens ingrats je pensais; je suis en train de libérer le trottoir pour eux, les piétons. Il y avait deux exceptions notables, deux femmes originaires de Paris qui ont tout à fait compris en me voyant pourquoi j’étais là et elles m’ont remercié chaleureusement. Une m’a donné une bouteille d’eau. Les branches coupées, je les ai laissées bien rangées contre le mur de l’église. Ce travail m’a pris deux heures en tout.
Deux semaines plus tard, j’ai entendu des tronçonneuses en marche près de l’église. J’ai conclu que j’avais réussi à faire honte à la mairie, (un de mes objectifs) qui a enfin envoyé une équipe d’arboriculteurs. Ils se sont occupés d’abord de deux féviers près de l’entrée de l’église (que je n’avais pas touché). Quand je suis arrivé sur place ils venaient de finir de faire quelque chose que je voulais faire moi-même depuis plus de dix ans: couper les branches basses d’un chêne vert qui empêchait la circulation piéton et l’accès aux conteneurs de recyclage sur le trottoir/ îlot au milieu de trois rues derrière l’église sur le Camas.
Ce chêne vert en mauvaise santé pousse extrêmement lentement en étant entouré jusqu’au tronc par une surface imperméable. J’ai la fantaisie depuis des années de casser et enlever ce béton épais de 15+cm., mais je ne le ferai pas. Comment est-ce qu’on peut maltraiter un arbre ainsi? Je n’ai jamais vu cette pratique courante déplorable, le pavage jusqu’au tronc, ou le massacre des arbres généralisé, surtout les platanes, avant de venir en France.
Très citadin, le Marseillais ne discerne pas la nature en détail; il n’est pas très observateur. La preuve: la vaste majorité, y compris beaucoup des écologistes que je rencontre, sont aveugles à l’omniprésence de l’ailante (Ailanthus altissima), arbre hyper envahissant, originaire de l’Asie du Sud-Est, qui a colonisé toute la ville, les terrains vagues, les chemins de fer, les autoroutes, les trottoirs, les jardins et les parcs, (en fait, l’Europe), un phénomène inexcusable. Le Palais Longchamp est infesté grâce à l’incompétence des services municipaux. C’est un fléau pour l’horticulture et la nature; il y a une énorme invasion et élimination de la flore indigène en train de se passer, juste comme se passe dans le Var avec l’acacia (appelé à tort mimosa dans ce pays). Bien implanté, l’ailante est très difficile, sinon impossible, à éradiquer. Y a-t-il des Marseillais qui s’inquiètent comme moi? Je n’en ai pas trouvé jusqu’au présent. La ville de Rennes, la Corse et la Suisse ont des campagnes contre cette envahisseur.
Il y a un mois j’ai encore une fois taillé les branches bases des féviers de l’église. J’ai été remercié par une personne, un immigrant comme moi.
Cet été, malheureusement, quelqu’un ou quelques-uns, évidemment aliéné(s) de la nature a (ont) frappé à répétition les troncs de trois de ces féviers, les blessant gravement, enlevant l’écorce (un mètre de long), mettant en péril leur vies. Il n’y a que moi qui semble être préoccupé par leur sort.
Il faut aussi préciser que c’était grâce à la négligence de la ville que les armes employées ont été fournies: les tuteurs d’arbres en bois, (sans attaches, qui ne servaient plus à rien depuis des années, les arbres étant déjà grands), ont été laissés à pourrir en terre plutôt qu’être enlevés. Pas très joli! C’était une invitation aux délinquants à les convertir en battes. Il est probable que je vais finir par enlever moi-même les tuteurs et les grillages autour de certains arbres qui commencent à bien serrer les troncs, menaçant de couper le cambium.
Est-ce que je vais continuer à agir dans cette culture si irrespectueuse de mes efforts? Récemment, après avoir encore passé une demi-heure à balayer une section de la rue de Verdun devant ma résidence, enlevant chaque petit morceau de verre cassé et des dizaines de mégots, le matin suivant j’ai trouvé encore une quinzaine de mégots par terre, jetés exprès par certains employés pour me remercier. C’est tellement gratifiant!
Addendum 1. Depuis l’écriture de mon récit, j’ai enlevé les tuteurs et les grillages autour des quatre arbres du côté de la rue du Camas. Ça serait bien de planter des couvre-sols appropriés en bas des arbres – pas comme on vient de faire à la Place Jean Jaurès: des chênes kermès trop grands (1-3m) et très piquants à côté des bancs, des myrtes tarentines trop grandes (2-3m), ou des cistes trop fragiles et de courte vie. Quelle ineptie et quel gaspillage d’argent! Si j’avais des alliés, et l’autorisation de la ville, je planterais des couvre-sols avec des barrières, et ferais l’entretien après.
Addendum 2 (le 30 mars 2020). Autour d’un des féviers d’Amérique quelqu’un s’était débarrassé de tommettes.
Je réitère: un groupe du voisinage motivé pourrait bien améliorer cette place stérile en plantant des couvre-sols tolérants de la sècheresse, protégés par des barrières. Trois personnes qui habitent près de l’église m’ont dit que des plantes couvre-sols seraient volées, arrachées ou piétinées à mort; ils ont peut-être raison, mais avec ce genre de raisonnement, rien ne change non plus.
Pendant plusieurs mois les cantonniers, avec leur centre à dix mètres, n’ont rien fait. Il y a deux semaines je me suis occupé de nettoyer et de désherber. Suspectant qu’il devait y avoir du béton sous la surface car après la pluie l’eau s’infiltrait très lentement et l’arbre avait été planté bien excentré, je me suis mis à explorer. J’ai trouvé que sous quelques centimètres de terre il y avait une bonne épaisseur de béton que les jardiniers qui avaient planté l’arbre avaient laissée, ce béton caché couvrant la moitié du carré. Voulant que l’arbre pousse bien, j’ai passé deux heures à casser ce béton, enlevant dix seaux.
Addendum 3 (le 1 mai 2020). Juste après la bonne pluie récente, j’ai examiné le févier d’Amérique que j’ai libéré du béton; l’eau s’est bien infiltrée.
Travail réussi! En revanche, les trois arbres voisins avait toujours des centimètres d’eau.
Je n’étais pas du tout étonné parce que les maçons qui viennent de travailler sur la restauration de la façade de l’église ont versé (comme d’habitude) de grandes quantités de rejets liquides dans les carrés de ces arbres, les surfaces bien blanchies par la résidu. Ça sera mon prochain projet de dépollution.
Addendum 4 (le 5 juillet 2020) Depuis la fin du confinement, j’ai repris mes projets d’entretien des deux espaces laissés à l’abandon que j’ai adoptés. A l’église, j’ai apporté de la bonne terre pour le carré du févier que j’ai dépollué. Afin de réduire la production continue des déchets autour des quatre arbres derrière l’église que je nettoie depuis plus d’un an, (les mégots, les papiers, les capsules de bouteille, les excréments de chien), j’aborde les personnes que je voir salir le coin ainsi que les propriétaires de chiens pour les dissuader de persister dans leur comportements antisociaux.
Comme les deux années précédentes, j’ai taillé les branches basses des féviers d’Amérique qui commençaient à gêner le passage des piétons et des voitures, y compris devant l’église pour la première fois. Les deux carrés de ces féviers à l’entrée de l’église avaient toujours une tuteur en bois et étaient pleins de verre cassé, ce qui ne dérangeait personne depuis des années sauf moi. J’ai coupé les deux tuteurs et j’ai méticuleusement nettoyé la terre; pendant que je rendais la place propre, les gens assis sur les bancs ne m’accordaient aucune attention.
Depuis un an, je cherche des personnes intéressées par mon objectif de planter et entretenir des couvre-sols sous les féviers (avant de contacter la ville, le C.I.Q. et la mairie de secteur avec un projet concret); j’ai déjà trouvé plus de dix personnes qui pourraient participer. Je dois néanmoins réévaluer mon initiative parce que j’ai vu comme proposition pour les élections municipales, “la requalification de la Place de l’Archange”, et ceci, de la part de Bruno Gilles. Comment le vent tourne. Et avec le nouveau régime politique de la gauche verte on peut être plus ambitieux. Marseille peut évoluer et sortir de sa stagnation, quoique lentement, si un certain nombre de gens sont motivés et capables de surmonter le cynisme absolu qui règne, en rejetant le dicton que j’entend sans cesse, “A Marseille rien ne peut changer”. Par contre, dans la Baie de San Francisco, on n’a pas cette mentalité ultra-pessimiste et de ce fait, la culture est dynamique.
Si on fait une recherche sur Google de “Halcyon Commons”, et clique sur Images, on peut voir des photos du mini-parc créé par le voisinage suite à un long processus harmonieux de concertation de tout le monde pour établir les objectifs: du brainstorming, des réunions pour discuter, des questionnaires pour chaque résident etc. Puis, c’était le travail bénévole de plusieurs experts du voisinage; un architecte paysagiste (qui travaillait pour le East Bay Regional Park District) a fait le plan en détail, avec l’aide d’un architecte et d’un urbaniste qui a eu l’inspiration initiale. Après la plantation, l’Association du Voisinage de Halcyon m’a demandé de mener l’équipe d’entretien, mon expertise. Je me demande si une telle initiative qui requiert le respect mutuel et la coopération serait réalisable à Marseille.
Je préfère l’approche, bien délibérée et réfléchie de Halcyon Commons, de Schoolhouse Creek Park et d’autres parcs autogérés du mouvement citoyen de Berkeley Partners for Parks à l’approche contre-culture de People’s Park, trop anarchique. Les résultats ne sont pas comparables. Ici, à Marseille, beaucoup de gens sont de tendance People’s Park. Les jardins de la rue reflètent cette tendance de spontanéité sans trop planifier, le plus souvent au détriment des qualités esthétiques.
La conception d’un jardin ou espace vert est une affaire très compliquée, en termes d’horticulture et de design. En général, les professionnels à Marseille ne sont pas très compétents. Il n’y a rien que j’ai vu dans cette ville qui m’impressionne vraiment.
Addendum 5 (le 28 août 2020)
A l’Eglise Saint Michel, je continue la dépollution des quatre féviers, l’un après l’autre, cette fois-ci le deuxième arbre dont la terre était presque imperméable, restant bien saturée après la pluie . D’abord, j’ai enlevé une profonde épaisseur de ciment, plastique et détritus divers sur la surface, des produits résiduaires versés par les maçons pendant la restauration de la façade. Ensuite, il y avait une fois de plus beaucoup de béton sous la surface à casser et à emporter, une tâche dure. J’ai apporté de la bonne terre pour rétablir le niveau.
Addendum 6 (le 8 février 2021)
Je suis depuis toujours ambivalent au sujet de mes interventions individuelles à Marseille avec sa culture “spéciale”, (un euphémisme pour dysfonctionnelle). J’hésite à poursuivre mon projet de réalisation collective et en ce moment je suis enclin à tout à fait abandonner mes efforts d’améliorer la Place de l’Archange.
Malgré mes exhortations à répétition aux propriétaires de chiens, qui pensent avoir le droit de laisser déféquer leurs chiens sur la terre autour les arbres, et également aux ivrognes qui font la fête et jettent leurs capsules de Heineken, leurs mégots, et parfois leurs bouteilles (verre cassé) partout, rien ne change.
Je nettoie régulièrement, mais l’espace public est peu respecté. Planter et entretenir des couvre-sols sous les arbres, vu ces comportements anti-sociaux si ancrés et incontestés, serait une perte d’efforts. Si on regarde par exemple les plantations récentes devant la Gare de la Blancarde, à la Place Charles de Gaulle et à la Place Jean Jaurès, on remarque qu’on permet aux chiens et aux enfants de franchir les barrières pour tout piétiner, qu’on a arraché et cassé beaucoup de plantes, et qu’on salit constamment.
Addendum 7 (le 10 décembre 2021)
Quant à mon idée de monter un projet collectif de jardins à l’Eglise St. Michel, la réalité triste d’une culture dépourvue de civisme m’oblige de l’abandonner. Les nouveaux platebandes du Jarret, de La Plaine, de la Place Charles de Gaulle, etc. sont régulièrement saccagées. Si on demande aux propriétaires de chiens ou de parents d’enfants de les empêcher de piétiner les plantes malgré les barrières basses, on est regardé comme un fou. Pour mon projet, j’ai sollicité la participation de nombreux voisins, mais une seule personne était vraiment intéressée. Donc, je dois me résigner au fait que Marseille n’a rien à voir avec la Californie. Cette ville ne progresse pas. Je ne veux pas gaspiller mon temps pour une culture si méprisante de l’espace en commun, qui justement ne mérite rien de meilleur. De toute façon, je n’ai jamais vu quelqu’un s’arrêter pour admirer la beauté des plantes dans cette ville remplie de visages vides.
Voir l’article:
Addendum 8 (le 29 juin 2022)
A l’Église St. Michel les développements récents ont complètement confirmé ma décision d’abandonner l’idée d’un projet collectif.
Tout d’abord, quelqu’un a encore une fois versé du ciment autour d’un des féviers d’Amérique que j’avais précédemment dépollué. De plus, ce jeune arbre est déjà en mauvaise santé avec de la sève qui coule du fond du tronc.
Ensuite, un des trois féviers qui a subi une attaque à la batte de bois vient d’être colonisé par des fourmis, qui ont percé des trous dans les plaies où l’écorce protectrice est absente.
Cet hiver, trois féviers supplémentaires ont remplacés les trois platanes adjacents morts depuis plusieurs années. Cependant, la plantation a été faite de manière primitive.
Des gravats de béton, d’asphalte, et d’autres déchets ont-ils été laissés juste sous la surface comme avant à proximité? Fort possible. Les surfaces n’ont même pas été nivelées pour encourager l’infiltration de l’eau.
Les arbres ont-ils été plantés de niveau, de sorte que le tronc n’est pas du tout enterré? Je n’y crois pas. Je ne distingue aucun évasement du tronc d’arbre au niveau du sol.
Je viens d’aller à l’église pour vérifier si les féviers ont été plantés correctement sur le plan horticole, c’est-à-dire au niveau du terrain, avec de grosses racines près de la surface. En creusant avec mes mains autour de deux arbres à une profondeur de 20 cm., je n’ai pas du tout rencontré de racines, parce que les mottes de racines ont été beaucoup trop profondément enterrées.
De grosses racines devraient être idéalement présentes entre 2,5 et 5 cm de la surface pour faciliter la respiration des racines, qui poussent horizontalement. Trop profondes dans la terre, les racines manquent d’air du sol pour absorber assez d’oxygène, une mauvaise condition pour la croissance et la santé.
En plus de la réduction de la capacité respiratoire du système racinaire, le tronc est enterré par beaucoup de terre puis par 20 cm de mulch (paillage), une mauvaise pratique qui peut écourter la vie d’un arbre.
On a mis du mulch, ce qui est très bien, mais il est trop profond et avait été répandu jusqu’au tronc, le touchant, ce qui devrait être évité. Le mulch retient une humidité excessive contre l’écorce, créant ainsi des conditions favorables à la décomposition de l’écorce, ce qui permet aux champignons, aux bactéries et aux insectes de pénétrer sous l’écorce et d’endommager l’arbre de l’intérieur. L’écorce doit être exposée à l’air pour fonctionner correctement et protéger le tronc. C’est encore pire d’enterrer un tronc avec de la terre.
Voir l’article:
A propos des trois nouveau féviers, il n’y avait aucune taille de forme initiale faite pour rétablir une bonne structure de branches; il y a des branches mortes, des branches qui vont dans tous les sens, qui se croisent et qui vont vers l’intérieur.
Un des trois féviers a manqué d’arrosage; donc, un côté a beaucoup de branches mortes.
Finalement, même une des bordures en bois massif a été assemblée n’importe comment. Plantation pathétique!
Et maintenant les branches des arbres établis descendent très bas et commencent comme chaque été à obstruer le passage. Les branches inférieures ont été cassées pour faciliter le passage.
Je ne ferai aucune taille cette fois-ci; pour moi, c’est terminé. Marseille ne vaut pas la peine.
Addendum 9 (le 23 juillet, 2022)
A l’église St.Michel des jardiniers viennent de déterrer le tronc d’un des trois nouveaux féviers d’Amérique. Autour de celui, j’ai creusé encore pour bien exposer le tronc. Il a été planté au moins 30 centimètres trop profond. L’écorce est fendue verticalement plusieurs fois. L’arbre ne prospérera pas et ne vivra pas longtemps.
Pour les deux autres, on a peut-être aussi prononcé une sentence de mort prématurée en les enterrant si profondément. Et pour tous les autres arbres nouvellement et mal plantés dans cette ville, vont-ils survivre longtemps?
Addendum 10 (le 23 février 2024)
L’automne dernier, les féviers d’Amérique ont à nouveau été taillés pour des raisons fonctionnelles, sans souci d’esthétique. De plus en plus inesthétiques après chaque nouvelle mauvaise taille, il ne servirait à rien d’essayer d’embellir le site en plantant des plantes couvre-sol, qui seraient de toute façon piétinées à mort comme ailleurs localement.
Apparemment, pour faciliter le passage des camions sur la chaussée, un nombre considérable de branches inférieures ont été supprimées ou raccourcies, laissant de minuscules branches minces qui partent souvent à angle droit. Une fois de plus, aucun travail de détail n’a été effectué à l’intérieur pour améliorer la structure. Il n’y a pas eu d’enlèvement sélectif des branches qui se chevauchent, se croisent ou poussent vers l’intérieur.
Vers la fin de l’élagage, je suis arrivé sur la scène, où j’ai rencontré et brièvement conversé avec un superviseur qui était venu surveiller le travail. Mais à part moi, personne ne semble remarquer la laideur ou s’en soucier.
Addendum 11 (le 5 avril 2024)
J’ai enquêté pour déterminer la source de cette pollution de plâtre de la surface, où auparavant j’avais travaillé dur pour enlever du béton massif enterré pour faciliter le drainage de ce févier d’Amérique. Informé par les gens qui traînent sur place qui était le coupable, j’ai confronté l’employé de l’entreprise de construction située à proximité. Cet homme ignorant a affirmé que ce qu’il avait jeté était acceptable, n’étant que de l’argile, niant que c’était une pollution du sol. J’ai contesté son affirmation absurde, insistant pour qu’il la supprime, sinon je la signalerais à la ville. Bien sûr, il ne s’est pas conformé, puisque les lois à Marseille sont faites pour être violées en toute impunité. Ce n’est pas la première fois où de tels déchets ont été déversés au pied des deux arbres à proximité de l’entreprise.
Devenu de plus en plus ambivalent et cynique à l’idée d’essayer de faire quelque chose de positif à Marseille, je n’ai pas agi immédiatement. Je ne m’attendais même pas à avoir une réponse, mais la mairie a réagi rapidement, ce qui m’a rendu content. Voici l’échange de courriels que j’ai eu :
Le 1 avril 2024, moi: “Je voudrais attirer votre attention sur la pollution du sol entourant un arbre de l’Eglise St Michel par une entreprise située au 12 Place de l’Archange. Début février, un employé de cette entreprise du bâtiment a déversé du plâtre au pied d’un févier d’Amérique, recouvrant la majeure partie de la surface. Après avoir appris qui était responsable par des témoins de l’incident, j’ai confronté l’employé à l’entrée de l’entreprise et lui ai demandé d’enlever cette substance et de cesser de polluer à l’avenir. Il n’était pas du tout réceptif, insistant que le plâtre n’était que de l’argile. Sachant qu’il ne ferait rien, je l’ai informé que je contacterais la ville comme je le fais actuellement.
Cette entreprise a probablement été à l’origine d’un certain nombre d’incidents antérieurs de pollution du sol des deux feviers situés à proximité, y compris le déversement de tommettes.”…
Le 4 avril, la réponse:
“Bonjour Monsieur,
A notre demande la Police Municipale c’est rendu sur place hier après-midi pour un rappel à la réglementation.
L’argile a été retiré par l’entreprise qui c’est engagée à ne plus se livrer à de telles pratiques.”A notre demande la Police Municipale c’est rendu sur place hier après-midi pour un rappel à la réglementation.
L’argile a été retiré par l’entreprise qui c’est engagée à ne plus se livrer à de telles pratiques.”
Cordialement”
Nom
Technicien Mairie 4/5
Division Espace Public
Gestion Urbaine de Proximité
Et Cadre de Vie Durable”
le 4 avril. Ma réponse immédiate avant de passer tout de suite à l’action:
“Bonjour,
Le plâtre est toujours sur place. Cet après-midi, je vais l’enlever moi-même et je vais mettre le sac devant leur établissement. De toute façon, ils auraient fait un travail superficiel et insuffisant. …”
Quand je suis arrivé avec ma pelle et mes sacs, Yann, l’un des hommes qui passent leurs après-midi de ce côté de l’église, a proposé de m’aider. Ils sont tellement plus gentils que les bobos arrogants qui détournent le regard ou quittent le trottoir quand je passe, moi, un citoyen âgé non menaçant. Ils apprécient mes efforts, réguliers dans le passé et moins fréquents à présent, pour améliorer l’espace public.
Hésitant à poursuivre un projet de quartier visant à planter des plantes couvre-sol sous ces quatre féviers établis ainsi que sous les deux situés à l’avant de l’église, j’envisage maintenant sérieusement de déterminer si cela serait possible. J’aurais besoin du soutien et de la protection des hommes qui fréquentent cet endroit tous les jours, la collaboration d’un petit groupe de voisins et l’autorisation de la ville et de l’église. J’ai déjà compilé une liste de plantes couvre-sol appropriées, y compris des plantes résistantes.