Le 15 février 2020, par Larry Ménard
Les poubelles et les bacs de recyclage sont actuellement partout et faciles d’accès en centre ville; cependant l’espace public reste couvert de déchets. Papiers, bouteilles en plastique, canettes en aluminium, crottes de chien, mégots, etc. se voient de tous côtés. Les caniveaux sont nettoyés principalement par l’eau et il y a une telle accumulation de terre, gravier, débris de construction, verre cassé et d’autres déchets denses que souvent les mauvaises herbes prolifèrent, servant d’ attrape-déchets. Les drains sont bloqués par l’accumulation de déchets déposés par l’eau gaspillée et plutôt que de les enlever, on les fait disparaître dans le système d’égouts. Aux abords des bennes la saleté augmente. Les déchets encombrants, matelas, meubles etc…entourent les bennes et bloquent les trottoirs parce que la plupart de gens refusent de faire le petit effort d’arranger un ramassage avec Allô Mairie.
Les bennes à ordures sont pleines de déchets recyclables juste à côté des bennes de recyclage. Verre, canettes d’aluminium, papier carton, bouteilles en plastique etc… constituent une bonne partie des déchets. Les sacs en plastique épais et résistants qu’on achète pour 1 ou 2 euros au supermarché, conçus pour être réutilisés pendant longtemps, toujours en bon état, sont nombreux. On les jette remplis d’ordures ménagères et de déchets recyclables. L’objectif de réduire la consommation de plastique, les sacs en plastique à usage unique n’étant plus disponibles, n’est pas réalisé; au contraire, les déchets plastiques accroissent dans ce contexte marseillais.
Même dans certains quartiers bourgeois, par exemple à la frontière des Calanques (Parc de Bruyères, Col de Morgiou, St Cyr: Bvd de la Forbine) on peut rencontrer beaucoup de déchets dans les rues et les bois avoisinants et personne derrière les grand murs protecteurs ne paraît être dérangé. Les terrains vagues sont convertis en dépotoirs.
Quand je vais à la gare St. Charles avant le lever du soleil c’est presque garanti que je vais rencontrer au moins un rat dans la rue d’Oran, que j’a renommée La rue des rats d’après “La peste” de Camus. En la descendant je vois généralement plusieurs rats autour des bennes ouvertes, entourées de déchets et encombrants, et parfois un ou même deux rats écrasés par des voitures sur la chaussée. La présence des rats et tant de saleté sont révoltantes, mais le voisinage accepte cet état des choses comme entièrement normal. Un touriste américain m’a décrit Marseille comme un “shithole”; je ne pouvais pas le contredire.
Il y a 13 ans à peu près, j’ai assisté à une réunion sur la propreté organisée par Victor-Hugo Espinosa; c’était la première fois depuis mon arrivée à Marseille en 2005 que je remarquais une expression politique de mécontentement profond au sujet de la situation de cette intolérable pollution omniprésente. La formation d’un nombre d’associations qui luttent contre les déchets comme “Clean My Calanques” incarnent cet éveil récent sur la propreté, la pollution, le réchauffement de la terre, et l’écologie plus généralement.
J’ai participé au nettoyage organisé par l’association “Un déchet par jour” (1) le 16 février 2020 des pentes de Notre Dame de la Garde, (en me concentrant sur le verre cassé), et j’ai fait le nettoyage de l’Huveaune coordonné par “Hunamar” avec mon épouse marseillaise à l’automne 2019.
(1) L’association “Un Déchet par jour” s’appelle en anglais “One Piece of Rubbish a Day”; pourtant Il y a un mot en anglais plus approprié que “rubbish”, “trash” ou “waste” pour décrire “les déchets jetés dans la rue ou dans la nature”; c’est le mot “litter”. Les mots “rubbish etc.” n’indiquent pas du tout où l’on se débarrasse de quelque chose. La plupart des fois, on jette les déchets “in the rubbish bin, in the trash can, in the waste paper basket or can”. Tandis que le mot “litter’ incorpore l’idée qu’on a jeté quelque chose par terre ou dans la nature, en dehors des poubelles.
(The word litter would have been a better choice; it’s also a concept foreign to French culture. Some of the English signs (pancartes) with which I am familiar follow: “No littering”. Do not Litter”. “No littering. Use a Trash Can”. On California highways the anti-littering signs read: “$1000 FINE FOR LITTERING” and the law is enforced. (photo) My suggestion for a better translation: “(Pick Up) A Piece of Litter Daily”.)
Originaire de la Baie Est de San Francisco, de la ville universitaire de Berkeley, binational, résident de Marseille depuis quinze ans, je suis dégoûté par l’extrême saleté de la ville et les incivilités constantes. Il y a un manque de respect, une indifférence à l’espace public et envers les autres qui est bien répandue dans la culture de Marseille. Pour beaucoup de gens, les autres n’existent pas et on fait ce qu’on veut sans tenir compte du tout des impacts négatifs. La qualité de vie souffre par conséquent pour tout le monde. Marseille a une mauvaise réputation ailleurs en France et à l’étranger, et selon moi, c’est bien mérité.
Le premier jour de mon arrivée dans le Camas (5ème) j’ai témoigné le rapport avec les lieux publics qui est typique des habitants; c’était une bonne introduction. Un vieux monsieur jette un papier juste à côté de la poubelle. Ensuite, une dame laisse les excréments de son chien sur le trottoir. Je lui dis qu’il faut les ramasser, que c’est la loi, et elle agit agressivement: elle interpelle une autre dame pour lui dire que je suis fou. Bienvenue à Marseille. J’avais une chienne bien dressée, (une rareté dans cette ville), entrainée en Californie à déféquer exclusivement sur la pelouse ou la terre (crotte ramassée immédiatement). En un jour je lui ai appris à s’adapter au monde du béton, à utiliser le caniveau et j’avais un sac de plastique recyclé pour nettoyer. Depuis, il y a un degré de progrès avec le ramassage des crottes de chien, mais c’est très lent.
Aujourd’hui, j’ai demandé à un monsieur pourquoi il a garé sa motocyclette au milieu du trottoir étroit près de chez moi ( ce qui est illégal), obligeant les gens à passer sur la chaussée, quand il aurait pu la garer pas loin au bout de la rue dans l’endroit réservé aux deux roues. La réponse a été: “Donne-moi un P.V.. On n’est pas dans le Nord.” C’est typique de l’attitude d’ici. Je rencontre ce mépris sans cesse. Chaque fois que je demande à la police municipale, (qu’on voit rarement dans mon voisinage, comme la police de la propreté), d’appliquer la loi au sujet d’une voiture mal garée, etc. ils refusent: la rue avoisinante n’est pas mon secteur ou nous avons des problèmes plus importants. Donc, on viole continuellement les lois sans impunité.
Pour que cette culture stagnante évolue, il faut la répression en plus de l’éducation. Est-ce que la loi Evin de 1991 est respectée? Non. Quand j’ai travaillé il y a 14 ans au Lycée Michelet, j’ ai contesté auprès du proviseur-adjoint le fait que quelques professeurs fumaient dans une des salles de professeurs en contravention de l’interdit. Aucun résultat à l’époque. A La Redonne, par exemple, on fume toujours à l’intérieur du café. A Marseille, on fume à l’intérieur de certains magasins. Toutes ces structures fermées qu’on a érigées sur les terrasses des cafés où on permet aux gens de fumer, contreviennent à la loi Evin. A Paris, par contre, on fait respecter la loi pour protéger les non-fumeurs du tabagisme passif qui est très nocif pour la santé; en plus, on a commencé à donner des amendes pour les mégots jetés par terre. Quel contraste!
Dans cette ville je n’ai jamais entendu parler de quelqu’un qui a reçu une amende (selon la loi national: 135 euros) pour avoir jeté ses déchets par terre. Et si je confronte quelqu’un, comme j’ai tendance à le faire, la réponse est presque toujours le mépris ou l’indifférence. On ne peut pas simplement faire appel à la conscience des gens d’ici; la plupart des gens vous rient au nez avec plaisir. Je connais ce dédain trop bien.
J’ai enseigné entre 2005 et 2012 comme assistant d’anglais dans 17 établissements, mais le recyclage était inexistant; j’ai parlé à répétition de ce sujet sans effet. Je viens d’une ville, Berkeley, qui a été la précurseuse du recyclage en Californie il y a plus de 40 ans. Depuis, San Francisco l’a surpassée un peu, s’approchant de 90% des déchets recyclés, un fait présenté dans le documentaire français “Demain” de Cyril Dion. Et les sanctions constituent une partie intrinsèque de ce progrès impressionnant.
La qualité du nettoyage étant ridicule, souvent je nettoie le trottoir et le caniveau sur mon côté de la rue. Aujourd’hui j’ai nettoyé du “litter” derrière un sous-répartiteur téléphonique sur le trottoir au coin de ma rue, une accumulation de bouchons de vin en majorité, jetée il y a quelques années, très visible au passage, mais ignoré par les cantonniers qui ont des standards de propreté d’un pays sous-développé. Les gens qui passaient n’ont pas regardé ce que je faisais.
Les seules fois où j’ai vu Marseille propre ont été quand il y avait quelques centimètres de neige.
Plutôt que de faire gaspiller tant d’eau inutilement dans le caniveau, ou de faire circuler des camions avec quelqu’un qui asperge de l’eau sommairement, une opération qui est très coûteuse et qui pollue l’air, il y a une invention qui s’appelle le tuyau. On peut attacher un tuyau aux robinets qui se trouvent à chaque coin des rues. Avec une buse de pulvérisation attachée au tuyau on peut nettoyer efficacement le trottoir et la rue, même sous les voitures. C’est comme ça qu’on fait, par exemple, sur les trottoirs du grand boulevard, Market Street, du Financial District de San Francisco. Moins de gaspillage d’eau et de l’énergie et un bon résultat: des surfaces propres! Mais non, à Marseille c’est plus facile de laisser couler et gaspiller l’eau sans rien faire.
Addendum. Depuis mon nettoyage de plus de 150 bouchons jetés derrière le sous-répartiteur téléphonique, la personne responsable a recommencé: il y a déjà 6 bouchons, un par jour. Sans un changement de comportement de ce pollueur imposé de l’extérieur, l’action de nettoyer après lui ne sert à rien; elle ne change rien. Il semble qu’il tire un plaisir malsain à défier mon insistance sur la propreté.
Addendum 2 (le 29 mars 2020). Malgré son obstination de jeter ses bouchons, j’ai persisté dans ma confrontation indirecte; une fois par semaine j’ai nettoyé les bouchons. Après trois fois, j’ai décidé d’afficher une demande sur le répartiteur téléphonique qui se lisait comme suit:
—————————————————————————————Je demande à la personne qui jette ses bouchons de vin et d’autres déchets derrière ce sous-répartiteur téléphonique depuis plus d’un an de s’arrêter de salir l’espace public.
Il y a trois semaines, j’ai enlevé cent cinquante bouchons, etc. de votre “monument personnel”, mais depuis mon intervention citoyenne, vous persistez toujours d’une manière obsessionnelle de construire votre déchèterie sur le trottoir. J’ai ensuite nettoyé après vous trois fois. Arrêtez-vous! Respectez l’espace commun!
Le voisin qui nettoie la rue
—————————————————————————————
Quelques heures après avoir affiché mon appel au respect du voisinage, mon affiche avait disparu. Et depuis, ça fait quelque temps qu’il n’y a plus de bouchons. Tant mieux! J’ai l’impression que j’ai réussi à changer ce comportement anti-social. Peut-être il m’a vu en train de nettoyer la rue à fond ou il a perçu que mon côté de la rue est relativement propre depuis quelques années à cause de ma persévérance.
Il se peut qu’il ait réfléchi et qu’il se soit réformé. Je l’espère. Le fait que c’était un voisin concerné qui nettoyait ses déchets sans aucune rémunération plutôt qu’un fonctionnaire a peut-être travaillé sa conscience.
Le manque de considération vis à vis du cantonnier est, par contre, tout à fait acceptable, normalisé, et ça accentue le cercle vicieux d’indifférence à la propreté. Il y a deux semaines en passant devant une résidence sur le Camas, un vieux monsieur était en train de balayer des prospectus laissés sur ses marches avec son pied sur le trottoir et dans le caniveau. J’ai protesté: “Pourquoi est-ce que vous faites ça?” et sa réponse a été assez révélatrice: “Le cantonnier va les nettoyer”. Je me suis dit: “What a moron” (“Quel crétin”). J’ai ramassé les papiers et lui a dit que le recyclage se trouve juste en face de chez lui et puis je les ai jetés dans le bac de recyclage comme il faut, un petit effort de trente secondes. Je pense que jamais personne ne lui a fait un tel reproche. Ça ne se fait pas à Marseille, mais je le fais très souvent, ainsi que mon épouse.
Aussi récemment, un monsieur a jeté une bouteille en verre dans une poubelle située juste devant le recyclage. Je lui ai dit gentiment: “Mais le verre se recycle”. J’ai mis la bouteille dans le recyclage. Il a souri en répondant: “Ah, vous avez raison”.
Encore récemment, un monsieur était en train de se préparer à partir sur sa motocyclette garée illégalement sur le trottoir devant chez moi, gênant le passage. Je lui ai dit que juste au bout de la rue il y a un espace exprès pour les motos et il a paru être réceptif à cette suggestion pour la prochaine fois qu’il fait ses courses au supermarché.
En Europe, les pays du nord en particulier manifestent la civilité à laquelle je suis plutôt accoutumé par ma vie précédente en Californie. Par exemple, l’été passé mon épouse et moi avons passé deux semaines dans plusieurs villes aux Pays Bas. Nous avons fait l’expérience d’un peuple respectueux de l’espace public et des autres gens. Ils se regardaient dans la rue et étaient très ouverts aux étrangers. On engageait facilement la conversation. Pour maintenir cette civilité les Néerlandais n’hésitent pas à renforcer sur le plan individuel les comportements de respect mutuel. Mon épouse a été gentiment réprimandée à deux reprises pour ne pas avoir respecté les codes culturels car elle était préoccupée par les difficultés de notre trajet. Une fois un chauffeur du bus l’a corrigée pour avoir oublié de dire bonjour en entrant et elle a fait ses excuses. Une autre fois elle parlait un peu trop fort dans le train et la dame en face l’a informée qu’il fallait respecter le silence comme indiqué en anglais sur le mur. Cette interaction personnelle marche mieux que les lois bafouées sans cesse en France.
Il ya vingt ans dans mon ancien voisinage à Berkeley en Californie il y avait beaucoup de chiens mais rarement des crottes; tous les propriétaires de chiens respectaient l’espace en commun à l’exception d’un individu. A deux reprises, je lui ai fait des reproches sévères pour son manque de respect et sa réaction de dédain m’a vraiment frappé. Je n’avais pas l’habitude de cette sorte de mentalité si antisociale, ce qui est par contre la norme à Marseille.
Souvent dans les stations souterraines du métro ou du tramway (Noailles) de Marseille, je me suis trouvé seul à demander aux fumeurs de respecter la loi et la santé des autres et chaque fois que j’ai cherché un agent RTM pour appliquer la loi ils n’ont rien fait. Les gens qui observent mes interventions dans l’intérêt commun sont indifférents, jamais un mot de soutien. Tout est permis. On peut déranger les habitants du voisinage toute la nuit en faisant la fête avec de la musique très forte et on peut polluer l’air en brûlant les déchets verts du jardin (juste 50 kg produit autant de particules fines qu’une voiture diesel qui roule 10.000 km), et si quelqu’un, (comme j’ai tant fait de fois ), appelle la police municipale pour qu’elle applique la loi, elle refuse à répétition d’intervenir. Quelle ville dysfonctionnelle!
Donc, changer cette culture où la saleté est considérée normale ne va pas se passer en faisant simplement des nettoyages périodiques à des endroits très limités. L’impact est insignifiant. Les comportements n’évoluent pas. Il faut s’adresser plus directement aux gens qui salissent: par l’éducation, par le reproche et par la répression. Pareil pour les autres incivilités.
Hier après-midi, encore une fois, j’ai passé une demi-heure à nettoyer le trottoir et le caniveau de mon côté de la rue. Super propre après. Aujourd’hui, j’ai encore nettoyé pendant quelques minutes: beaucoup de mégots, papiers, plastiques et une bouteille cassée à l’entrée d’une résidence. Est-ce que les résidents auraient balayé les morceaux de verre juste devant leur porte? Je ne pense pas.
Addendum 3 (le 4 mai, 2020). Mes nettoyages hebdomadaires de mon côté de la rue ont inspiré un des voisins d’en face pour balayer de son côté. Une fois au début de mon travail, ce jeune monsieur est sorti et a bien nettoyé deux tiers de son côté. Il compte continuer dans l’avenir, ce qui me réjouis.
Après la disparition des cantonniers depuis l’arrivée du Covid 19, les saletés sont devenues plus abondantes. Je vois des rats et leurs traces dans le voisinage immédiat, une nouveauté. Des rats ont emménagé au sud de l’église, où ils ont creusé des tunnels à côté d’un platane et à l’emplacement d’un platane mort il y a 4 ans et enlevé l’année dernière, sans être encore remplacé.
J’ai commencé à nettoyer plus souvent et plus longtemps. Hier, j’ai fait plus de zèle que jamais. J’ai passé presque deux heures à nettoyer à fond toute la rue, les deux cotés. C’était la première fois que je pouvais dire que notre rue a été vraiment propre depuis 15 ans, impeccable, pas un mégot ou éclat de verre. Le gérant du supermarché est sorti pendant 15 minutes pour travailler avec moi, en bien appréciant mon dévouement. J’ai eu six personnes qui m’ont bien remercié, une reconnaissance sans précédent, renforçant mon espoir que cette ville peut évoluer.
Addendum 4 (le 19 septembre, 2020). Aujourd’hui c’est World Cleanup Day ou La Journée mondiale du nettoyage de notre planète. Cet évènement a été établi en 2008 en Estonie, mais c’est curieux de noter que cette date coincide précisément avec La California Coastal Cleanup Day (maintenant Month) qui date de 1985, un nettoyage de la côte californienne avec de nombreux participants (écoles, enterprises, etc.).
Il m’a fallu participer en nettoyant mon coté de la rue du Verdun, d’un coin de la rue à l’autre, comme je fais depuis des mois. La rue était sale, surtout le caniveau plein de mégots, etc. Depuis trois semaines, je suis en état de convalescence après la chirurgie au pied et donc pendant cette période il n’y avait que l’eau (du cantonnier) qui a travaillé à déplacer les déchets un peu plus loin dans le caniveau. J’ai tout balayé.
J’ai aussi nettoyé autour des quatre féviers d’Amérique du côté est de l’Eglise St. Michel, y compris plus de cent capsules de Heineken, juste devant la porte des cantonniers, qui ne s’occupent pas des petits déchets comme les mégots, le verre cassé, les accumulations de gravier et de terre, etc..
Dans La Marseillaise j’ai lu qu’“Un Déchet par jour” a ramassé d’énormes quantités de “litter” au Cours Julien, encore un endroit supposé être “nettoyé” par les cantonniers, leur boulot, un détail manifestement absent de l’article. Aussi, un membre de l’association exprime que c’est une petite minorité de personnes qui salissent les rues. Je contesterai cette affirmation. Par exemple, j’observe sans cesse les comportements des fumeurs et ce que je constate est que la vaste majorité jette insouciamment leur mégot par terre.
Récemment j’ai demandé à un voisin gentil, un infirmier qui fume, s’il jetait son mégot par terre et il répond que non, il le jette dans le caniveau, pas sur le trottoir, un progrès selon lui. Je lui explique les conséquences de la nicotine, une pesticide, et les mégots sur la vie aquatique et je lui suggère qu’il revoie sa mauvaise habitude culturelle.
Cet été à l’entrée de la Gare de la Blancarde j’ai vu un jeune homme soigneusement éteindre sa cigarette avant de jeter le mégot dans la poubelle. Impressionné par cette conscience exceptionnelle, je l’ai félicité. En discutant j’apprend qu’il est parisien, qu’il a été rééduqué, comme ses amis, à force de recevoir des amendes par la police à la sortie des boîtes de nuits et des cafés. La répression est efficace.
Hier, j’ai demandé à deux fumeurs sur mon palier s’ils avaient l’intention de jeter leur mégot par terre. Après avoir écouté mes soucis sur la pollution, ils ont dit que personne autour d’eux ne jette son mégot dans la poubelle. Après mon départ, deux mégots ont été ajoutés aux autres par terre.
Le nettoyage annuel des pentes de Notre Dame de la Garde par “Un Déchet par jour”, bien que louable, est malheureusement insignifiant. On se félicite de son action citoyenne concertée; pourtant, trois mois après le nettoyage l’hiver dernier, les pentes de la Basilique étaient de nouveau couvertes de verre cassé et plein d’autres déchets. On a du mal à admettre qu’au fond il faut dénoncer et sanctionner les mauvais comportements afin de les changer. Même constatation pour Hunamar qui nettoie une toute petite section de l’Huveaune. Marseille reste une poubelle où l’indifférence et les rats règnent.
Addendum 5 (le 24 avril 2022)
Après dix-neuf années à ramer contre le courant, Hunamar paraît jeter l’éponge, reconnaissant enfin que l’Huveaune reste aussi sale que jamais malgré leur action annuelle: une matinée de nettoyage d’un côté d’une petite longueur du fleuve qui a un impact insignifiant. Leur entreprise nécessitait beaucoup d’organisation, d’efforts, de dépenses et de participants. Tout le monde se félicitait des effets positifs, qui étaient malheureusement de petite envergure et très éphémères.
Deux ans après ma premiere participation avec mon épouse, je me suis trouvé le 2 octobre 2021 au même site qu’il y a deux ans, (le nettoyage de l’année dernière annulé à cause de la Covid), pour la dernière édition du nettoyage de l’Huveaune, à la rue Léon Bancal à La Valentine, un voisinage encombré de déchets, on dirait une déchèterie urbaine. J’ai commencé à nettoyer mais quand les dirigeantes m’ont vu en train de ramasser les petits déchets sans gants, elles ont insisté que je porte des gants. Peut-être il y avait des soucis d’assurance ou peut-être il s’agissait de pouvoir autoritaire. De toute façon, j’ai répondu que je n’avais pas besoin de gants et qu’ils compromettent ma dextérité et donc me ralentissent trop. Mais elles étaient intransigeantes, sans me donner aucune explication pour cette exigence; donc, je suis parti déçu. (Dans ma vie j’ai collecté des milliers de morceaux de verre, toujours à main nue.)
Après les grands orages de l’automne dernier la hauteur de la crue a été bien enregistrée sur la végétation des berges de l’Huveaune, les arbres et les arbustes plâtrés en continu de sacs en plastiques, de vêtements et divers déchets. Quelle pollution dégoûtante! Et Hunamar pense avoir réussi à “sensibiliser les citoyens”. Certains citoyens oui, mais évidemment pas beaucoup, surtout pas assez.
Les décharges sauvages des déchets de certains entrepreneurs du bâtiment sont un gros problème aux alentours de la ville, dans les quartiers nord surtout, sur des terrains vagues, mais de plus en plus en pleine ville. Il faudrait plus de vigilance de la part de la police, mais aussi l’aide des citoyens qui prennent des photos des véhicules des déchargeurs illégaux pour que ces pollueurs soient attrapés et lourdement punis.
Récemment à Menton pour visiter trois jardins botaniques créés par des Anglais, mon épouse et moi avons observé que les cantonniers du centre ville étaient bien équipés pour faire leur travail de nettoyage des places, des trottoirs et des caniveaux. Attachés aux robinets aux coins des rues il y avait des tuyaux longs, épais, et costauds avec des buses de pulvérisation performantes maniées par des cantonniers qui travaillaient très efficacement pour éliminer le moindre déchet.
Si les cantonniers de Marseille étaient outillés de la même façon, ils pourraient faire pareil. Imaginez si le cantonnier était obligé de périodiquement nettoyer chaque rue vraiment à fond, y compris sous les voitures garées, avec la qualité du travail sujet à des inspections (comme les professeurs). Les standards actuels insuffisants de propreté pourraient être considérablement améliorés. Un travail plus méticuleux ne se fait pas facilement avec un balais rudimentaire en plastique conçu pour pousser l’eau, précieuse dans un climat aride, qu’on gaspille en volume dans le caniveau, une pratique de paresse inconcevable en Californie, de climat méditerranéen . Localement, il faudrait une sécheresse prolongée pour qu’on pense à abandonner cette coutume pas du tout écologique.
De même pas du tout écologique et pas du tout économique ou efficace est le nettoyage des trottoirs avec un camion et deux employés où le nettoyage par un cantonnier équipé d’un tuyau serait possible. Le camion doit maintenir une vitesse minimum pour éviter de trop ralentir les voitures derrière, le travailleur pulvérisant très vite au passage faisant un nettoyage superficiel. En plus, le camion produit de la pollution de l’air et pollution sonore, sans oublier du dioxyde de carbon.
Le camion est tout à fait approprié pour nettoyer la chaussée mais c’est un nettoyage très partiel s’il y a des lignes de voitures garées parce qu’on nettoie jamais sous les voitures. Aux Etats-Unis on résout ce problème avec un système de panneaux qui interdisent le stationnement pendant des périodes des journées indiquées, ce qui permet au camion de faire un nettoyage total; cette solution ne serait pas envisageable à Marseille où les places de parking sont trop limitées et le peuple trop indiscipliné et anti-amende.
A Marseille les rats se nourrissent facilement des poubelles et des déchets aux alentours; ainsi, leurs nombres explosent. Les bennes à ordures brunes et jaunes sont problématiques. D’abord le drain, une ouverture circulaire de 10 cm. de diamètre, facilite l’entrée des rats d’en bas; on voit souvent un petit monticule de déchets morcelés, signe indicateur de la visite. Sur les drains de ces bennes il faut installer des grilles métalliques qui laissent passer l’eau mais qui barrent les rats.
Deuxièmement, les couvercles sont le plus souvent laissés ouverts, une situation inacceptable d’insalubrité qui s’est beaucoup aggravée depuis que j’habite cette ville-poubelle. La majorité des citoyens ont la flemme de refermer le couvercle et un cercle vicieux s’est mis en place car la réponse de convenance de la part des éboueurs est de ne pas refermer le couvercle après le vidage, bloquant le couvercle entre les poteaux. Donc, ces bennes restent à ciel ouvert en permanence et les rats sautent dessus. C’est étonnant que MPM permette aux éboueurs cette négligence qui officialisent un état de laisser-aller total. Aussi, il serait bien que les éboueurs replacent les poubelles des maisons individuelles de manière que les trottoirs ne sont pas obstrués pour les piétons, qui doivent en plus slalomer pour éviter les motos et les voitures illégalement garés, les bicyclettes et les trottinettes à louer abandonnées exprès par les jeunes au milieu des trottoirs, les gens qui monopolisent le passage en marchant ou en parlant en groupe carrément au milieu, sans aucune considération pour les autres, et bien sûr les déchets et les déjections canines. Quelle mauvaise expérience de se promener ici.
Avant, je ne voyais jamais de rats ou leurs traces dans ma rue, mais ces dernières années, j’en vois constamment. Un sac poubelle en plastique suspendu à un poteau est même devenu une source de nourriture, puisque les rats peuvent sauter et grimper.
Un certain nombre de questions me viennent à l’esprit concernant ce sac poubelle en plastique transparent et laid. Pourquoi a-t-il été installé là au départ, il y a une dizaine d’années, alors qu’il y a trois bennes à ordures à 15 mètres à la ronde ? Il est superflu. Pourquoi n’a-t-il pas été orienté le long du mur plutôt que de faire saillie au milieu du trottoir, gênant ainsi les piétons et les personnes en fauteuil roulant ? Mauvaise exécution. Pourquoi aucun riverain ne s’est plaint de sa présence gênante et inesthétique et n’a demandé son retrait? Parce que la culture de cette ville est dysfonctionnelle.
Deux fausses fontaines monumentales bloquent le passage des piétons sur le Boulevard Longchamp. Chaque fois que je vais à la gare, je dois contourner celle qui se trouve à l’intersection avec le Boulevard National. Quel urbanisme pathétique!
C’est très difficile pour les personnes à mobilité réduite de circuler. Des véhicules et d’autres objets obstruent souvent les coupes de trottoirs et les trottoirs, empêchant le passage des personnes handicapées ou avec poussette, qui doivent se mettre en danger en allant sur la chaussée.
Conclusion
En 2018 Marseille a reçu le “balais d’or” pour la ville la plus sale de France.
Est-ce possible de vraiment réformer cette culture où traditionnellement on jetait sa poubelle par la fenêtre sur le trottoir sans aucun souci pour l’espace public? Je lutte pour cet objectif parce que le statu quo est insupportable, malgré le fait que je reste sceptique du progrès réel.
Cette semaine dans mon voisinage, les rues sont pleines de déchets, d’encombrants, les couvercles des bennes ouverts, des crottes sur les trottoirs, la benne de recyclage pleine de polystyrène, malheureusement mis par quelqu’un bien intentionné parce que le recyclage n’est pas expliqué en détail. Les gens se demandent où on met les boîtes en carton aplaties pour qu’elles soient recyclées et quel plastiques (numéros) sont recyclables, etc.? Certains expriment des doutes concernant les processus de recyclage, soutenant qu’on brule, enterre ou exporte certains déchets recyclables plutôt que les recycler. Il faut tout éclaircir.
Les enfants des écoles catholiques Saint Charles Camas après leur carnaval ont (encore une fois) jeté des confettis partout dans un grand radius de leur établissement sur les trottoirs. Il faut supprimer cette tradition. C’est ça l’éducation à la propreté à l’école? Si un jeune est encouragé de jeter des milliers de petits cercles de papiers par terre, pourquoi pas n’importe quel papier ou autre déchet? Hier, pour passer sur le trottoir en face de l’école complètement obstrué comme d’habitude par les écoliers, qui n’ont aucun respect pour les piétons, je n’ai pas fait comme une dame qui les a contourné en allant sur la chaussée du Camas, acceptant ce comportement antisocial marseillais sans s’interroger car c’est la norme. Les enfants m’ont vu en train d’arriver, mais ils n’ont pas bougé; donc, je n’ai pas hésité à passer au milieu pour transmettre ma désapprobation. Pas sûr qu’ils aient compris, parce que cette culture-ci leur apprend qu’ils ont le droit de faire ce qu’ils veulent avec un mépris total des autres. Quid de l’éducation civique à l’école?
Chaque fois que j’interviens pour empêcher un enfant (ou un chien) de piétiner à mort les plantes dans les plates-bandes des espaces vertes, le parent (ou propriétaire de chien) est indifférent à la destruction occasionnée par leur mépris de l’espace en commun. Par exemple, depuis la rénovation controversée de la Place Jean-Jaurès, surtout autour des arbres non-protégés par des barrières, le public a bien détruit des couvre-sols. Beaucoup de plantes ont déjà été remplacées par les jardiniers; autour d’un arbre on a même replanté avec de grands arbustes résistants, des lentisques, qui sont déjà hors échelle, et donc, vont être entretenus en haie taillée en brosse comme toujours (ce qui n’est pas du tout joli).
Pour tenter de faire avancer la propreté, l’éducation répétitive pour graduellement rééduquer, l’échange direct entre les résidents, et la répression sont les trois mesures essentielles. Pour progresser significativement, il faudrait un grand engagement dans ces trois domaines que je ne vois pas venir; donc, je reste pessimiste.
L’éducation est à la base du processus de progrès; elle est nécessaire, mais pas suffisante. D’abord, tous les groupes et les individus qui nettoient l’espace public montrent par l’exemple aux gens qui les observent directement, ou indirectement dans les médias, que la coutume marseillaise bien ancrée de “littering” doit s’arrêter. C’est une opposition douce qui va parfois provoquer la réflexion chez quelques individus qui n’ont pas trop remis en question la mauvaise habitude de salir, qui est toujours considérée comme normale par beaucoup, mais qui empoisonne concrètement la qualité de vie collective. Malheureusement, les nettoyages organisés touchent un public limité qui est surtout déjà écolo, et ne confrontent pas trop le grand public plutôt peu conscient.
Des manifestions instructives par les associations de propreté et de recyclage dans l’espace public avec des tables d’information, des panneaux, des prospectus etc. sont utiles pour éduquer les passants qui s’arrêtent pour discuter avec les militants. Un échange personnel a plus d’effet sur une personne qu’un tract.
La participation des enfants d’un groupe scolaire dans une action de nettoyage, surtout si cela se passe chez eux, autour de l’école, dans leur voisinage, directement affectant leur vie quotidienne, peut les faire mieux apprécier la propreté et encourager un meilleur rapport avec l’espace en commun. Agent de change positif dans son propre environnement, l’enfant peut devenir un peu plus concerné et impliqué dans ses environs immédiats. Pourtant, un tel évènement isolé est rarement transformateur pour un enfant, surtout quand les messages reçus quotidiennement par ses pairs mal élevés sont beaucoup plus influents sur lui. Donc, pour contrer l’état actuel, il faudrait faire des campagnes de propreté soutenues, avec répétition (comme un propagandiste) pour espérer inculquer les bonnes valeurs.(2)
(2) Enfant dans les années 60 et 70 en Californie où le mouvement environnemental est devenu important et pionnier (Clean Air Act en 1970, Clean Water Act en 1972, the Environmental Protection Agency en 1970), je n’avais pas besoin d’éducation à la propreté. De plus, j’ai été saturé de publicités écologiques, y compris anti-littering, du gouvernement fédéral à la télévision, des Public Service Announcements.
Il y avait Smokey Bear,(L’Ours Smokey), un personnage animé créé pour sensibiliser le public, symbole de la lutte contre les feux de forêts causés par l’insouciance humaine qui demande qu’on soit prudent: “Only you can prevent forest fires”. Dans une séries de publicités pendant des décennies, Smokey insiste qu’il faut bien éteindre son feu de camp et ne jamais jeter sa cigarette par terre, ce qui me fait penser aux feux récents dûs aux cigarettes jetées sur l’autoroute: dans le Var près de Gonfaron il y a un an et quelques feux près de l’Etang de Berre. Sur La Côte Bleue à La Redonne (où je travaille bénévolement depuis 3 ans sur le sentier des douaniers, le GR 51), chaque semaine en descendant de la gare je ramasse des mégots en bord de la chaussée qui auraient pu déclencher un feu de forêt. Inacceptable! Il faut de la rééducation ici.
Des présentations éducatives par des associations à l’école sont très bénéfiques, aussi bien que des sorties scolaires pour voir des expositions écologiques (comme au MUCEM sur le recyclage ou sur Giono et “L’Homme qui plantait des arbres”). A l’école (3) les élèves devraient apprendre à ne pas salir, à pratiquer le recyclage et, de manière plus générale, le civisme.
(3)Le plus souvent bétonnée à outrance, la cour d’école est stérile, sans beaucoup d’aménagement paysager ou espaces pour jardiner, (l’antithèse de Berkeley, où l’école primaire Le Conte a une petite ferme, et le collège Martin Luther King Jr. a une “Edible Schoolyard”, école comestible, de 0,4 hectares créé en 1995 à l’initiative d’Alice Waters, chef du restaurant Chez Panisse, etc.). A Paris, “l’école comestible fonde ses principes sur ceux de l’Edible Schoolyard”.
Le gouvernement, Marseille Provence Métropole et la mairie de Marseille, devraient faire une campagne d’éducation auprès du grand public pour le sensibiliser graduellement sur la propreté, le recyclage, la pollution, et le civisme, utilisant des panneaux publicitaires dans la rue, les transports en commun, les bâtiments publics, etc.. Par exemple, des faits frappants pour faire réfléchir:
1) Mégots:
Saviez-vous qu’un seul mégot peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau ? Il contient plus d’une centaine de substances nocives qui contaminent à la fois, l’eau, l’air et les sols.
“Les mégots représentent 40 % des déchets dans la mer Méditerranée.” (cleanwalk.org)
2) Plastiques en mer
Les impacts les plus visibles des débris plastiques sont l’ingestion, la suffocation et l’enchevêtrement de centaines d’espèces marines. Les animaux marins tels que les oiseaux de mer, les baleines, les poissons et les tortues prennent les déchets plastiques pour des proies; la plupart meurent ensuite de faim lorsque leur estomac se remplit de plastique.
La pollution par le plastique marin touche 100 % des tortues marines, 59 % des baleines, 36 % des phoques et 40 % des oiseaux de mer examinés. Plus d’un million d’oiseaux de mer et 100 000 mammifères marins sont tués par le plastique marin chaque année. 700 espèces d’animaux marins sont en danger d’extinction à cause du plastique.
La plupart des plastiques qui polluent nos océans proviennent de la terre ferme. En fait, on estime que 80 % de la pollution plastique des océans qui se déverse par les égouts et les rivières est poussée vers la mer par le vent ou est simplement jetée directement sur la plage.
3) Feux des déchets verts du jardin
Brûler 50 kg de végétaux : émet autant de particules fines qu’une voiture à moteur diesel récente qui parcourt 13000 km … … et produit jusqu’à 700 fois plus de particules qu’un trajet de 20 km à la déchèterie!
A quatre reprises en faisant ma course à pied, j’ai informé des fautifs en train de polluer l’air qu’en milieu urbain il est interdit de brûler les déchets de jardin (vers le Parc des Bruyères; à côté du Parc de La Moline; et deux fois par le même monsieur à Saint Barnabé). Dans chaque instance il y avait un refus de respecter cette prohibition légitime, donc, chaque fois j’ai téléphoné à la police municipale qui, sans surprise, n’ont rien fait, surtout après avoir entendu mon accent.
4) Les souffleurs de feuilles, les tondeuses à gazon, et les ciseaux à haie, tous à essence
Une étude de 2011 a montré qu’un souffleur de feuilles émet près de 300 fois la quantité de polluants atmosphériques qu’un camion pick-up. De même, une étude de 2001 a montré qu’une heure d’utilisation d’une tondeuse à gazon à essence équivaut à parcourir 100 miles (160 km) en voiture.
La pollution sonore des souffleurs à essence est entre 80 et 90 décibels. En tant que jardinier paysagiste je n’ en ai jamais utilisé un. Ils sont très mal vus en Californie où des villes comme Beverly Hills les ont interdits.
5) Les scooters et motos vs. la bicyclette
Les scooters et motos polluent beaucoup plus que les voitures. Par litre de carburant consommé, leurs émissions de monoxyde de carbone (CO) sont dix fois plus élevées que celles des voitures à essence et vingt fois plus que les voitures propulsées au diesel. Et la pollution sonore est considérable, jusqu’à 100 décibels!
Les alternatives à une telle pollution pour les cours trajets: la bicyclette, un assortiment de véhicules électriques comme les trottinettes, la marche.
6) Les déjections canines
Dans le film “Milk” le candidat pour San Francisco Supervisor en 1978, Harvey Milk, fait une publicité politique télévisée dans laquelle il marche dans un parc. La première fois il marche par hasard sur une crotte de chien. Dégoutant! Tout de suite, il refait le scénario et cette fois-ci, il a un sac et il nettoie. On devient conscient.
7) Photos contrastantes d’un endroit pleins de déchets, encombrants, déjections canines etc., puis, le même endroit entièrement propre avec comme légende: “Qu’est-ce que vous préférez? Nous sommes tous responsables”.
Bien que le gouvernement enlève gratuitement les encombrants devant la résidence et que c’est très facile d’arranger un ramassage avec Allô Mairie, il n’y a qu’une minorité qui fait le petit effort nécessaire. Il faut sanctionner les gens récalcitrants.
8) Photo d’une poubelle avec le couvercle ouvert et un rat qui saute `a l’intérieur avec la légende: “Refermez le couvercle, s’il vous plaît”
9) Photo de sacs de déchets par terre, déchirés par des rats qui se nourrissent, avec la légende: “A jeter plutôt dans une poubelle fermée”.
10) Recyclage d’aluminium
Photos et faits de l’impact environnemental négatif de la fabrication de l’aluminium: les ravages des mines ou carrières de bauxite; les boues rouges dans les Calanques; l’énergie consommée et l’empreinte carbon. La légende: “L’aluminium: Une ressource qu’on doit recycler”.
Le recyclage des canettes en aluminium permet d’économiser 95 % de l’énergie qu’il faudrait pour fabriquer du nouveau métal à partir du minéral de bauxite.
En Amérique du Nord on trouve très peu de canettes d’aluminium dans les poubelles car ce métal a une valeur suffisante (1.8 centimes la cannette) pour encourager le recyclage, surtout pour les plus démunis; il y a une commerce de recyclage bien développé qui incite les gens à les ramasser pour les vendre dans un centre de recyclage privé à 1.8 cents / la cannette. Pour illustrer, un large sac poubelle rempli de canettes aplaties pourrait valoir plus que $50. Les gens sans domicile fixe travaillent souvent comme recycleurs indépendants, en faisant les poubelles avec un chariot de supermarché volé. Plus important en termes de revenus, le piratage des bennes et boîtes de recyclage des résidents le jour de ramassage des déchets recyclables. (Voir la vidéo youtube “Carts of Darkness”, Vancouver, Canada. En plus, les bouteilles en verre et en plastique sont achetés par les centres de recyclage à Vancouver).
Comme les canettes, le carton est recherché par les recycleurs indépendants qui ont un grand véhicule, idéalement un camion pick-up. La cible principale sont les cartons derrière les magasins. Il y a 30 ans un vieil homme noir à Berkeley, Californie m’a dit qu’il pourrait gagner $100 avec son pick-up rempli de carton.
A Marseille, par contre, peu de carton est placé à côté des bennes pour être recyclé, mais en général il est jeté dans les bennes à ordures pour être incinéré, sans faire l’effort d’aplatir la boîte pour réduire son volume, conformément à l’image justifiée de la paresse marseillaise. Du côté positif, l’absence de centres de recyclage comme en Amérique du Nord évite le phénomène de piratage qui réduit les revenus pour les villes.
San Francisco recycle plus de 80% de ses déchets. Le tri individuel est obligé par la loi et les poubelles sont régulièrement inspectées et les violations sont sanctionnées. Les amendes changent les comportements récalcitrants. La Californie à 42% est en tête pour le recyclage aux Etats-Unis, où le taux national est de 32%, septième au monde. L’Allemagne est à 70%, tandis que Marseille reste très bas, estimée à 10% des déchets recyclés.
L’éducation à la propreté, au recyclage et au civisme peut être efficace dans une société où les gens sont bien intentionnés, conciliants, coopératifs, respectueux, mais à Marseille, c’est loin d’être le cas. Il faudrait beaucoup de pression, de coercition, et finalement des conséquences punitives pour faire évoluer cette culture où la qualité de vie souffre de l’égoïsme total de certaines des habitants.
La pression citoyenne pour contraindre les comportements antisociaux est malheureusement peu existante comme j’ai déjà détaillé dans mes histoires; quand mon épouse marseillaise ou moi fait des reproches à quelqu’un, ça ne rentre pas dans le registre culturel de Marseille. D’abord, on ne parle pas aux inconnus, on ne les regarde même pas. Donc, tout est permis. Je n’ai jamais remarqué quelqu’un à Marseille qui fait comme nous. Nous sommes regardés comme bizarres de défendre l’intérêt public.
Par conséquent, pour espérer effectuer du progrès des mesures contraignantes sont nécessaires. Mais à Marseille on est allergique à toute contrainte sur la liberté individuelle. Ailleurs en France on commence à réaliser que les amendes sont essentielles et elles deviennent de plus en plus sévères pour aboutir à des changements d’attitudes. 750 euros la crotte de chien à Bergerac devrait être dissuasif si la police fait son boulot.
A Marseille, depuis 17 ans, les seules applications des lois dont j’ai témoigné ne concernent que les PV pour les infractions au stationnement pendant la journée (ou des jeunes arrêtés pour la possession de cannabis). Le soir on se gare comme on veut, bloquant les coins des rue, même sur les trottoirs. Les motos se garent n’importe où, obstruant le passage des piétons. Où est la police? La police de propreté, qu’est-ce qu’ils font? Il ne s’agit pas de manque de personnel.
Il y a pas mal de police ici par rapport à d’autre pays, 422 pour 100.000 en France, tandis qu’aux Etats-Unis, c’est seulement 239 pour 100.000. En Californie, je voyais les “cops” constamment; par comparaison, à Marseille, je les vois peu et quand je les vois, ils sont nombreux à rien faire. Tôt le matin quand les conducteurs font de grands excès de vitesse, la police n’est nulle part.
Ce dysfonctionnement est caractéristique de cette culture et personne ne le remet en question. Les citoyens tolèrent n’importe quoi sans rien dire. Un exemple pour bien illustrer. Depuis mon arrivée ici je cours régulièrement vers l’est sur le Chemin de Saint-Jean du Désert (quartier Saint-Pierre). Juste avant l’intersection avec le tramway il y un bâtiment avec un garage et si les propriétaires sont chez eux leur voiture est garée devant le garage, obstruant le trottoir pour les piétons qui doivent la contourner en allant sur la chaussée. Les voisins ne disent rien à ces voisins qui dédaignent l’espace public. Ils n’appellent pas la police pour mettre fin à cette situation inacceptable. La police ne fait rien par elle-même. Et si on appelle la police, est-ce qu’elle va réagir? Pas sûr, vu mes expériences décevantes. C’est emblématique de cette ville défaillante qui est fière d’être “la capitale des incivilités”.
Sur le site internet de la ville de Marseille, on trouve sur la page relative à la propreté le règlement suivant, anachronique et absurde, qui doit dater en partie de l’époque quand on mettait la poubelle sur le trottoir le soir:
“J’utilise des sacs poubelle résistants et bien fermés. Bien fermer un sac poubelle évite que son contenu ne soit dispersé dans la rue, notamment les jours de mistral.
Je jette mes sacs poubelle dans les conteneurs publics après 19 h. Respecter l’horaire de sortie des sacs poubelle évite que ces derniers ne soient dispersés et ne s’entassent avant le passage de la benne.”
Pourquoi y a-t-il une obligation d’utiliser des sacs en plastique pour jeter ses déchets dans la benne? Ça fait une consommation considérable de sacs en plastique à utilisation unique, une pratique supposément indésirable. Quelle contradiction. En Californie, il n’y a pas une telle obligation non écologique. Là-bas j’ai toujours utilisé comme doubleur de poubelle les grands sacs en papier de supermarché.
Cette année, j’ai arrêté de nettoyer notre rue du Camas; j’ai abandonné. Cette culture est actuellement sans espoir. Un camion de nettoyage nettoie périodiquement.